Au nom d'Allah le Tout Miséricordieux le Très Miséricordieux.
Discours de son Eminence le Grand Imam,
Cheikh de l'Azhar, devant le Bundestag.
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Monsieur le Professeur/ Norbert Lammert, Président du Bundestag.
Mesdames et Messieurs, Eminents députés du Bundestag.  
Honorable Audience !
Que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur vous.
Au début de mon discours, permettez-moi de vous exprimer mes remerciements les plus sincères de m'avoir accordé la chance d'être ici, parmi vous, pour vous parler et à travers vous, à tout le peuple allemand.
Je suis tellement heureux de me retrouver dans le siège historique du Bundestag dont les murs sont témoins des évènements mondiaux qui représentaient un grand tournant dans l'histoire de l'Europe. En effet, ce parlement a toujours réussi à faire sortir le peuple allemand de ses crises politique, économique et sociale tout en faisant de l'Allemagne un pays distingué et un exemple à suivre en matière de développement basé sur les valeurs de la liberté, de la justice et de l'égalité.
A cette occasion, je tiens à saluer Madame la Chancelière/Angela Merkel et j'apprécie, au nom de l'Azhar, sa position humanitaire vis-à-vis des émigrés qui avaient fui l'enfer et les malheurs de la guerre en Orient, malgré les conditions difficiles qu'a subies cette femme distinguée et qui n'ont pas pu la dissuader de changer cette position courageuse qui sera enregistrée avec des lettres lumineuses dans l'Histoire. A cet égard, l'Azhar avait publié un communiqué remerciant la Chancelière/ Angela Merkel pour son attitude favorable envers l'Islam et les Musulmans quand elle a participé à des manifestations à Berlin pour dénoncer l'Islamophobie tout en affirmant la fameuse phrase de l'ex-président Allemand Christian Wulff: "l'Islam fait partie intégrante de l'Allemagne".
Mesdames et Messieurs !
Permettez-moi, chers députés, de me présenter en tant que Musulman qui s'est spécialisé dans le domaine des études sur l'Islam et l'a compris conformément à ce qu'Allah a voulu pour les gens et à ce que le Prophète Muhammad, à lui bénédiction et salut, leur a transmis.  En effet, je n'ai aucune appartenance politique à un parti tel.  Je n'adopte non plus aucune idéologie ni de droite ni de gauche et je ne cherche point à l'être soit en y croyant soit en la diffusant. Mais je suis un musulman qui aime l'humanité tout entière et qui s'intéresse aux questions de la "paix" avec toutes ses dimensions religieuse, sociale et mondiale. Je cherche la paix et je l'espère pour tous les hommes quelles que soient leurs patries, leurs races, leurs nationalités, leurs religions, leurs croyances et leurs doctrines.
Mesdames et Messieurs !
Je ne suis pas venu ici pour prêcher l'Islam ou pour vanter ses bienfaits, mais je suis venu pour solliciter votre objectivité afin de rendre justice à cette religion qui mérite que vous la défendez contre l'injustice et les accusations, dont elle est innocente et qu'elle dénonce fermement.
Des accusations qu'on lui adresse à cause des comportements d'un certain nombre très minime de ses adeptes qui l'ont très mal comprise et l'ont présentée aux gens en tant qu'une religion sanglante qui prend l'humanité pour ennemie et détruit les civilisations.
Cette religion est, comme vous le savez, liée intrinsèquement aux autres religions, car, nous, les Musulmans, croyons que la Torah, l'Evangile et le Coran sont considérés comme une guidance et une lumière pour les gens et que l'ultérieur d'entre eux confirme l'antérieur. En plus, notre croyance dans le Coran et en Muhammad ne sera parfaite que si nous croyons aux Livres célestes, à Moïse, à Jésus et aux prophètes antérieurs, bénédiction et salut d'Allah sur eux. Ainsi, nous lisons dans le Coran ce verset : «Certes, ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les chrétiens, et les Sabéens, quiconque d'entre eux a cru en Allah, au Jour dernier et accompli de bonnes œuvres, sera récompensé par son Seigneur ; il n'éprouvera aucune crainte et il ne sera jamais affligé». (S. La Vache, V. 62)
Dire que l'Islam est une religion de combat ou d'épée est absolument faux, car, le mot, sayf, épée, n'est pas un terme coranique et il n'est pas même mentionné dans le Coran. Les Musulmans croient également qu'Allah a envoyé le Prophète Mohammed, à lui bénédiction et salut, en miséricorde pour l'univers, et non seulement pour les Musulmans. En effet, Allah l'a envoyé en miséricorde pour l'être humain, l'animal, la plante et l'objet. A ce propos, Allah dit dans le Coran : " Et nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde pour l'univers" ' Sourate, al-Anbiā’, les Prophète, V.107). De même, le Prophète, à lui bénédiction et salut, dit à propos de soi-même : "Ô les gens ! Je suis une miséricorde offerte". Donc, celui qui comprend les enseignements de ce prophète en dehors de la miséricorde générale et de la paix mondiale, ignore ce prophète et ses enseignements et lui porte atteinte.
L'Islam n'autorise point de combattre le non-Musulman à cause de son refus de l'Islam ou d'une autre religion, car Allah a créé les mécréants et les croyants comme le dit le verset coranique : "C'est Lui qui vous a créés. Parmi vous [il y a] mécréant et croyant. Allah observe parfaitement ce que vous faites". (S. La Grande perte, V. 2). Allah n'a pas créé les mécréants pour ordonner de les tuer ou de les éradiquer. Sinon, ceci serait considéré comme une absurdité incompatible à la sagesse humaine, voire même à la Sagesse divine. D'ailleurs, le Coran garantit la liberté de conscience lorsqu'il dit : «Quiconque le veut, qu'il croit, et quiconque le veut qu'il mécroie !» (S. La caverne, V. 29). Et encore : "Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement". (S. La Vache, V. 256). Aussi, dans le document du pacte que le Prophète avait envoyée au Yémen, il a stipulé : "le Juif ou le chrétien qui refuse d'adopter l'Islam n'a pas à changer sa religion".
L’histoire n’a pas enregistré un seul cas où les musulmans donnaient aux habitants des pays qu’ils contrôlaient le choix entre la conversion à l’Islam ou l’épée. Par contre, les musulmans approuvaient leurs religions, leurs coutumes et leurs traditions et ne voyaient aucun mal ni à coexister ni à se marier avec eux.
D'autre part, le Jihad en Islam ne se limite pas seulement au " combat " dans le sens de repousser l’agression. La preuve en est que le grand Jihad en Islam c’est le Jihad contre l’âme, le Satan et les tendances du mal.
La notion du « Jihad islamique » couvre aussi tout effort déployé pour réaliser les intérêts des gens, notamment la lutte contre la pauvreté, l’ignorance et les maladies, le secours accordé aux nécessiteux et les services et les aides rendus aux pauvres et aux misérables. En effet, l’Islam n’a prescrit aux musulmans de mener « le Jihad armé » que pour repousser les agressions et faire face aux guerres menées par leurs ennemis.
Dans ce cas, le jihad devient obligatoire pour se défendre. Ce genre du jihad est autorisé par toutes les religions ainsi que toutes les traditions et toutes les civilisations. Il n’est pas vrai, voire même d'erreur énorme, de penser, que le jihad en Islam est de porter des armes pour combattre, poursuivre et exterminer les non musulmans. Il est extrêmement regrettable de diffuser ces interprétations erronées et tendancieuses du Coran et de la Sunna de manière à déformer l’image de l’Islam et des musulmans.    
La charia de l’Islam est basée sur les principes de la justice, de l’égalité, de la liberté et de la préservation de la dignité humaine. Le prophète de l’Islam, à lui bénédiction et salut, a déclaré le principe de l’égalité entre les gens dans un temps où la raison humaine n’était pas encore assez mûre pour le percevoir ou l’imaginer. Dans cette époque-là, la société était hiérarchisée (où il y avait des maîtres et des esclaves). Aussi, le prophète Mohammed, à lui bénédiction et salut, a bien établi le principe éternel suivant : "Les gens sont égaux comme les dents d'un peigne ".
Dix ans après la mort du prophète, à lui bénédiction et salut, Omar Ibn al-Khattab, le deuxième calife des musulmans, a blâmé violemment l’un de ses gouverneurs musulmans tout en disant : " Depuis quand vous permettez-vous d'asservir des gens alors que leurs mères les ont enfantés libres ? "   
 
Mesdames et Messieurs !
Je pense que vous avez en Europe plusieurs lois et législations qui s’adaptent à celles de l’Islam, notamment celles qui assurent à l’homme sa dignité et sa liberté et lui garantit la justice et l’égalité, quelle que soit sa confession ou son ethnie.
Alors, je dis à mes frères musulmans qui vivent en Europe et font partie intégrante de sa tissu nationale : « Respectez les valeurs supérieures de vos sociétés et donnez une image positive de l’Islam et de ses enseignements tolérants appelant à respecter l’Autre, quelles que soient sa religion, sa confession ou sa race. Rappelez-vous toujours de la parole d’Allah, Le Très Haut, qui dit :" Allah ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables ". (S. al-Mumtaḥana, l'Eprouvée, V.8).
 J’aimerais bien que tout musulman vivant en Europe écrive ce verset dans un joli tableau sur son bureau, dans son magasin ou sur sa cellulaire. Rappelez-vous toujours que la piété, Al-Birr, qui signifie la bonté et la bienfaisance envers les parents, est aussi recommandée envers ceux qui ne nous combattent pas et que l’équité, la justice et la loyauté sont les qualités du musulman autant envers ses cor- religieux que ses frères en l’humanité.
Quant à la femme en Islam, elle a les mêmes droits et obligations que l'homme, comme l'indique le prophète, à lui bénédiction et salut, dans ce Hadith :" Les femmes sont les sœurs des hommes ».
Mesdames et Messieurs !
Il ne faut pas croire que la marginalisation dont souffre la femme orientale est due aux enseignements de l’Islam. Une telle prétention est fausse, car la femme en a souffert à cause de la négligence des enseignements de l’Islam : les uns préfèrent certaines coutumes et traditions qui n’ont rien à avoir avec l’Islam et les substituent aux prescriptions de la charia. En effet, la société musulmane a perdu beaucoup de son énergie créative et de son dynamisme producteur lorsqu’elle a permis la marginalisation et l’exclusion de la femme des positions d’influence dans nos sociétés orientales.
Mesdames et Messieurs !
La pluralité et la diversité humaine sont deux principes reconnus par le Coran qui constituent des fondements gérant les relations internationales. En plus, « l’interconnaissance » implique nécessairement le dialogue avec les amis et les adversaires à la fois. C'est évidemment ce dont notre monde a besoin aujourd'hui pour sortir de ses crises profondes. De là, il était difficile pour le musulman d’imaginer que tous les hommes, toutes les nations et tous les peuples puissent se regrouper dans une seule religion ou dans une seule culture, car la Volonté divine a exigé que les gens soient divergents même dans leurs empreintes digitales.
Allah dit dans le Saint Coran : " Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens une seule communauté. Or, ils ne cessent d'être en désaccord (entre eux,)" (S. Hūd, V. 118). Celui qui croit dans le Coran ne se doute point qu'aucune puissance ou civilisation ne pourrait jamais changer la volonté divine à propos de la diversité des gens. D’ailleurs, il trouve dans les théories visant à réunir tous les hommes autour d’une religion unique ou d’une seule culture centrale comme une rêverie diurne ou un absurde qui tourbillonne les rêves des enfants.
C’est pourquoi l’ouverture de l’Islam sur les chrétiens et les juifs devient logique et normale de façon à attirer l’attention, à établir avec eux les liens de la bonne cohabitation et de la paix réciproque.
L'Islam arrive même à reconnaître le mariage du musulman avec une chrétienne ou une juive en lui donnant le droit de garder sa confession. De même, il n'a pas autorisé   à son mari de l'empêcher d’aller à son église ou à sa synagogue, ou de pratiquer les rituels de sa religion dans son foyer conjugal.
Il y a peut-être parmi vous, chers messieurs les députés respectueux, ceux qui s'opposent à ce que je dis, en exprimant leur indignation envers ce que je dis et en vous posant la question suivante :
si l’Islam et les musulmans ont une telle image exemplaire, comment donc sont apparus ces groupuscules armés comme Daech et ses semblables au sein des musulmans et de l’Islam ?  Comment massacrer, détruire et égorger au nom d’Allah, de l’Islam et de sa Charia ? Ces scènes inhumaines horribles ne détruisent-elles pas ce que je viens de dire à propos de l’Islam en tant que religion de paix, de fraternité humaine et de miséricorde entre les gens ?
Je pourrais résumer ainsi ma réponse à cette question : si chaque religion céleste peut être jugée selon les actes criminels d'assassinats et d'extermination commis par leurs adeptes, alors aucune religion ne pourrait échapper à l’accusation d’être violente et terroriste. En réalité, ils trahissent ainsi la religion dont ils prétendent défendre les intérêts.
Or, nous devrions comprendre la religion à travers ses enseignements divins et leur mise en application par les prophètes et messagers chargés de les transmettre aux gens. C’est donc le cas du message du prophète Mohammed, de celui de Jésus et de Moïse ainsi que de tous les messages du Ciel aux humains.
De plus, le terrorisme dont on souffre tous aujourd'hui fut condamné par tous les pays du monde musulman : peuples, gouvernements, l'Azhar, églises, universités, penseurs, intellectuels et d'autres. Nous devons tous, musulmans et non-musulmans, nous serrer les rangs pour faire face à l'extrémisme, au terrorisme et à toute forme d'injustice et déployer le maximum d'efforts pour établir la coopération et éradiquer cette épidémie ravageuse.
Ce terrorisme ne distingue pas entre ses victimes tant qu'ils
n'adoptent pas son idéologie et sa pensée extrémiste. Si les uns croient que l'Islam justifie les actes terroristes, ils doivent se rappeler que ce sont les musulmans qui sont les premiers à en payer la facture de leur sang et des cadavres de leurs femmes et de leurs enfants. A cause de ce fléau, ils souffrent plus que les non-musulmans. Comment donc attribuer ces criminels aux musulmans ou à l'Islam qui en sont catégoriquement innocents.
Vous pourriez être d'accord avec moi sur le fait que toutes les religions et leurs adeptes à l'Occident comme à l'Orient doivent inévitablement s'ouvrir les uns sur les autres pour faire face à ce terrorisme transcontinentale et instaurer la paix au premier rang entre les leaders religieux et les Ulémas de ces religions.
Moi personnellement, je suis fort convaincu du slogan lancé par le théologien contemporain " Hans Kung" qui a dit : "aucune chance d'établir la paix entre peuples tant que la paix entre religions n'a pas été établie" , et je vous dis que c'est le même slogan lancé par le grand Cheikh de l'Azhar Mohammed Mostafa al Maraghi à Londres en 1936 lorsqu'il a appelé à "la camaraderie universelle" et à la bonne compréhension entre la civilisation occidentale et celle musulmane.
Permettez-moi, mesdames et messieurs, de vous dire : lorsque je vous parle de vos sociétés en admirant vos politiques basées sur l'égalité, la démocratie et la protection des droits de l'homme, l'un d'entre vous pourrait me poser avec désapprobation la question suivante : si ce que vous dites à propos des peuples européens est juste, pourquoi ne trouvions-nous pas son reflet dans les pays musulmans. Nombreux sont ceux qui, en Orient arabo-musulman, ne trouvent dans la politique Occidentale que celle de "deux poids deux mesures", ainsi que celle des intérêts personnels qui ne prennent pas en compte ceux des autres peuples : le cas de l'Iraq et de la Lybie et d'autres pays en est un exemple frappant. Le message que j'adresse à vous, ou plutôt mon grand espoir, est de veiller à changer cette image tellement obscure et pessimiste afin de pouvoir tourner cette page , de travailler ensemble pour établir la paix internationale, d'éteindre les feux de la guerre et d'arrêter le versement du sang, et le flux d'émigrés (l'expatriation). En plus, il faut trouver une solution juste pour la cause palestinienne, une solution assurant la paix et la stabilité dans la région. Voilà ma main ! Je vous la tends pour travailler ensemble afin de réaliser ces nobles objectifs humanistes…Qui pourrait donc répondre à cette initiative ?
Mesdames et Messieurs !
La démocratie dont nous espérons voir les drapeaux flotter très haut dans nos pays arabes et musulmans, ne peut jamais se réaliser par les guerres, le choc des civilisations, le chaos créatif, les fleuves du sang ou le fracas des armes, mais plutôt par l'échange civilisationnel entre nous et vous, le dialogue d'égal à égal et les programmes d'échange en matière de l'éducation, de l'industrie et de la technologie.
    L'Azhar porte toujours un soin particulier au renouvellement de son discours et de ses programmes éducatifs, mais il a multiplié ses efforts dans ce domaine, ces dernières années, pour réaliser cet objectif à travers un plan global de renouvellement et de développement dont il serait difficile de citer les détails dans ce contexte-là. Il suffit de vous informer que les Ulémas de l'Azhar font face actuellement, partout dans le monde, aux idées erronées qui déforment la religion et l'instrumentalisent pour réaliser un grand chaos aveugle menant au versement du sang et à la destruction des patries. Cela se réalise par plusieurs moyens dont les "caravanes de paix" qui parcourent le monde tout entier en vue de promouvoir la paix et de protéger les jeunes afin de ne pas les laisser tomber dans le piège du terrorisme ainsi que par l'Observatoire de l'Azhar en Langes Etrangères qui, on l'espère, va réaliser bientôt un grand succès à l'échelle mondiale.
    Dans le même ordre d'idées, l'Azhar a tenu, en décembre 2014, une conférence où il a invité les grands Ulémas sunnites et chiites, les chefs des églises orientales et certaines personnalités des églises occidentales ainsi qu'un représentant des Yézidis en Irak. La conférence a clos ses activités avec une déclaration condamnant tous les groupes et les factions armés ainsi que les milices qui adoptent la violence et le terrorisme et horrifient les personnes sécurisées. Cette déclaration a aussi affirmé que les chrétiens et les musulmans en Orient sont des frères qui vivent ensemble depuis de longs siècles et ils ont tous une volonté ferme de continuer à vivre dans un Etat national basé sur l'égalité et le respect des libertés. De même, elle a souligné que toute persécution que font subir les chrétiens au nom de la religion, contredit catégoriquement les préceptes de l'Islam, et que l'expatriation forcée constitue un crime ignoble que nous condamnons à l'unanimité. A la fin de cette conférence, l'Azhar a appelé les chrétiens à s'enraciner dans leurs patries jusqu'à ce que cette vague du terrorisme, dont nous souffrons tous, prenne fin !
Aujourd'hui, l'Azhar condamne fortement tous les actes barbares perpétrés par les terroristes, dont la dernière scène horrible a eu lieu en Côte d'Ivoire. J'en profite là pour adresser mes condoléances les plus sincères au peuple allemand pour leur victime dans ce malheureux attentat.
Mesdames et Messieurs !
    Il y a en Europe aujourd'hui plus de 20 millions de Musulmans dont la majorité est née en Europe et devenue européenne. J'aimerais dire dans ce contexte-là que ces citoyens doivent bénéficier, tous, d'une vraie égalité par rapport aux autres citoyens de souche. Vous ne devriez pas les laisser sentir toujours être des émigrants qui vivent en marge de la société tout en perdant toute loyauté à cette société à laquelle ils appartiennent. Etre loyal à sa patrie est donc le meilleur garant permettant de ne pas se précipiter dans la violence et le terrorisme.
    Il faut souligner là que les peuples arabes et musulmans en Orient considèrent l'Europe comme étant le partenaire le plus proche dans la civilisation méditerranéenne. Par conséquent, ils attendent beaucoup de votre part pour réaliser leur développement et leur renaissance scientifique. Cela ne pourrait se réaliser que par une coopération fructueuse et un respect de la volonté de ces peuples de choisir librement leur sort et de planifier leur avenir.
    Encore une fois, je répète ce que j'ai déjà évoqué : l'Azhar est venu aujourd'hui auprès de vous pour vous tendre la main, ainsi qu'à l'Union Européenne, par votre biais, afin de consolider les relations de la fraternité humaine et de la paix internationale entre l'Orient et l'Occident en général, et entre l'Azhar et les citoyens musulmans en Europe en particulier. Enfin, j'aimerais m'adresser à ces musulmans en leur demandant de représenter le bon modèle humain et civilisé reflétant l'image la religion musulmane et du Prophète Mohamed qui a été envoyé en miséricorde pour toute l'humanité et pas seulement pour les musulmans. De sa part, l'Azhar, est prêt à vous fournir les programmes éducatifs qui devraient vous protéger contre la polarisation déviée  et vous aider à bien représenter l'Islam en tant que religion compatible à être appliqué à tout temps et à tout lieu. Rappelez-vous également que votre religion avait laissé au cœur de l'Europe des points de repère sur les plans humain et civilisationnel dont les traces sont encore tangibles dans les universités européennes. Il nous suffit de mentionner les témoignages du grand écrivain allemand Goethe et avant lui, l'écrivain et le critique Lessing, en faveur de l'Islam et de la civilisation musulmane.
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    Excusez-moi d'avoir parlé aussi longtemps, mais je suis venu vous rencontrer ayant un cœur plein d'espoir, comme le cas d'un milliard sept cents millions des musulmans, d'assurer une coexistence pacifique et un dialogue civilisationnel entre l'Orient et l'Occident. Votre honorable parlement est bien capable de réaliser cet espoir puisqu'il représente un peuple qui valorise véritablement la liberté et la démocratie. Raison pour laquelle, nous gardons dans nos cœurs un sentiment particulier et une confiance dont nous sommes fiers pour l'Allemagne et son peuple. Nous comptons sur ce pays pour bâtir des relations fructueuses à l'avenir.

Que la paix et la miséricorde d'Allah soient sur vous tous !
Asslamu 'Alikum Wa Rahmatullah
                
 Ahmad al-Tayyeb
Cheikh de l'Azhar