Ces derniers jours, des rumeurs ont circulé dans les médias européens autour d'une rencontre effectuée entre le Grand-imam,  le professeur Ahmed Al-Tayeb, Cheikh d’Al-Azhar et Sa Sainteté le Pape François. Beaucoup de ceux qui s'intéressent au dialogue interreligieux s'interrogent sur la véracité de ces rumeurs, d’autant que ni Al-Azhar, ni le Vatican n'ont  annoncé qu'une telle réunion aurait eu lieu.  
Il est à noter que ces rumeurs ont  circulé  pendant la visite du Grand-imam en Allemagne et à son discours historique au Parlement allemand dont l'écho a été important dans les milieux religieux, politiques et médiatiques. En effet, le discours du Grand-imam a été marqué par la clarté des propos au point qu’on peut dire, sans exagérer, qu’il a véritablement démoli le mur  de l’incompréhension dont le soubassement est l'islamophobie.
A vrai dire, la rumeur d’une rencontre avec le Pape traduit le souhait de nombreux sages d'une proche rencontre entre le Grand-imam et le Pape qui ont une  noble  et courageuse position  face au terrorisme et sont sincèrement engagés dans la promotion de l'amour, de la fraternité et de la paix dans le monde.
Il convient de rappeler que les relations entre Al-Azhar et le Vatican ont eu des hauts et des bas. Al-Azhar, en coopération avec le Vatican, a fait de son mieux pour confirmer l'importance du dialogue     afin de trouver des solutions à des problèmes humains. Mais suite à des déclarations irresponsables qui ont compromis les principes du dialogue basés sur le respect mutuel, Al-Azhar a préféré suspendre le dialogue afin de ne pas entrer dans une polémique inutile qui pouvait corrompre le dialogue entre les deux religions et a préféré attendre le moment opportun pour reprendre le dialogue.
Il doit être clair qu’Al-Azhar tient à reprendre le dialogue non seulement pour établir des ponts d'amitié avec le Vatican mais aussi pour l'avenir de l'humanité. Car le dialogue fait une partie intégrante du message universel de l'Islam. Actuellement, le réel humain impose à toutes les institutions religieuses d’entamer un dialogue qui correspondra avec le réel dans lequel nous vivons. Ce réel exige une réflexion profonde sur des mécanismes inhabituels afin d'arriver à des résultats fiables et réalisables sur le terrain. Il me semble que les visites successives du Grand-imam en Orient et en Occident vont dans ce sens.
Dans ses discours, le Grand-imam a exprimé, à maintes reprises, son souhait de rencontrer le Pape du Vatican au Caire ou au Vatican, dans le cadre du respect des protocoles des deux instances et afin de promouvoir de nouveaux mécanismes du dialogue dans l'intérêt des peuples et des nations. De même, Sa Sainteté le Pape François, a déclaré son souhait de rencontrer le Grand-imam, à son retour d'un voyage à l'Argentine. 
Il est à signaler que les traditions d'Al-Azhar et celles du Vatican ne permettent pas d'adresser des invitations d'une manière directe soit à des autorités, soit à des personnes. Je pense qu'il est nécessaire de préparer le terrain à une réunion au sommet entre le Grand-imam d'Al-Azhar et le Pape du Vatican suite à des réunions entre une délégation d'Al-Azhar et une délégation du Vatican dont la mission consistera à jeter les bases d’une nouvelle vision et des nouveaux mécanismes du dialogue.