Discours de son Eminence, le Grand Imam,Professeur. Ahmad al-Tayyb, Cheikh de l'Azhar,en Indonésie

Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
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Louanges à Allah !Que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète Mohammed, ses siens et ses compagnons.
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Mesdames et messieurs !
Que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur vous !
Je commence par rendre grâce à Allah, le Très Haut, pour nous avoir donné l'occasion, moi et la délégation qui m'accompagne de l'Azhar et du Conseil des Sages Musulmans, de visiter l'Indonésie et de rencontrer son peuple plein de bonté et de noblesse et en particulier nos frères en Islam. Ce peuple qui bénéficie d'un grand respect de la part de l'Egypte et des Egyptiens, pour son poids considérable faisant pencher la balance de la Umma. Il représente également un tournant décisif dans l'Histoire de l'Islam et des Musulmans de par son attachement à cette religion en tant que croyance, comportement et législation.

Chers honorables Indonésiens ! Je n'exagère pas si j'affirme qu'Allah a confié à l'Indonésie la capacité de présenter l'Islam au monde entier en tant que religion appelant au bonheur ici-bas et à l'Au-delà. Une religion qui renferme à la fois l'originalité du passé et la splendeur de la modernité tout en conciliant les besoins de l'individu et ceux de la société. Le  peuple indonésien a pu découvrir les trésors de cette religion pure de maintes valeurs législatives et morales dont la justice, l'égalité, l'ouverture sur l'autre et l'encouragement à maîtriser les éléments de la force et les moyens du progrès scientifique tout en se remettant à Allah dans sa quête de ces énergies spirituelles et matérielles.

Cette fusion entre la foi, la science et le travail a permis à l'Indonésie d'être à la tête des pays développés dans la région, et de devenir l'un des tigres asiatiques les plus forts. Ainsi, il a donné le meilleur exemple de l'Islam universel qui porte un soin particulier à tout ce qui est spirituel, matériel et avant tout humain. Il a pu aussi réfuter scientifiquement les allégations malveillantes des ennemis de l'Islam qui taxent cette religion d'être à l'origine de la paresse et de la régression sociale et voient en elle un obstacle devant le développement économique et politique. Le modèle indonésien est devenu aujourd'hui une fierté pour les Musulmans, notamment avec le grand progrès économique réalisé par ce pays au sud-est de l'Asie.

Les Indonésiens ont bien accueilli le message de l'Islam qui fut arrivé dans leur pays grâce aux commerçants Musulmans. Les habitants de cet archipel connu par la bonté, la sérénité et l'esprit pacifique, se trouvèrent en totale harmonie avec les valeurs de la miséricorde, de la paix, de la justice et de la tolérance qui caractérisent l'Islam.

A cette époque-là, les régions de « Nusantara » étaient les premières à accueillir l'Islam qui se répandit ensuite pour s'étendre dans toute l'Indonésie, le plus grand pays musulman d’aujourd’hui en force et en nombre. Un pays dont les habitants manifestent un grand amour pour Allah, Son Prophète, le Coran et la Charia.

D'ailleurs, la relation entre les deux peuples (égyptien et indonésien), remonte, selon certains historiens, à des époques très lointaines. Puis, elle se développa à travers les siècles, pour englober des échanges commerciaux, scientifiques et culturels. Certains pèlerins Indonésiens restaient à la Mecque et à Médine après leur pèlerinage afin d'y étudier les sciences religieuses auprès des enseignants et des Oulémas de l'Azhar. Certains historiens européens affirment également que les années cinquante du 19ème siècle, ont connu l'installation de la première communauté indonésienne en Egypte venue pour étudier les sciences religieuses auprès des Oulémas et des cheikhs de l'Azhar. Les étudiants indonésiens s'installaient même à l'un des Ruwāqs (portiques) de la mosquée de l'Azhar, qui porte leur nom : le portique javanais. Les imprimeries du Caire imprimaient aussi les ouvrages des Oulémas indonésiens. De plus, les Indonésiens ont été beaucoup influencés, à travers leurs fils qui faisaient leurs études à l'Azhar, par les mouvements du renouvellement de la pensée islamique en Egypte. Des mouvements religieux lancés par Mohamad Abdou et ses adeptes après lui, et d’autres nationaux menés par Mustapha Kamel et les leaders du courant nationaliste du moment.

Aujourd'hui, il y a plus de 3500 Indonésiens qui font leurs études à l'Azhar, dont 262 bénéficiers de bourses. Dans le même cadre, l'Azhar accorde chaque année 20 bourses scolaires à l'Indonésie. Il est à noter ici que le nombre des envoyés par l'Azhar pour l'enseignement Azharite en Indonésie a atteint 31 instituteurs.

Mesdames et messieurs !
Il va sans dire que notre monde contemporain souffre aujourd'hui de plusieurs crises suffocantes sur les plans politique, économique et écologique. La crise la plus dangereuse dont souffrent les pays du tiers-monde et leurs peuples est celle de la sécurité (dont les gens ont besoin pour préserver leurs âmes, leurs honneurs, leurs biens, leurs territoires et leurs patries),de l'absence de la paix, de la propagation de l'anarchie, du trouble et de l'autoritarisme, et enfin celle de la violation des droits. Le pire est que des crimes barbares sont perpétrés au nom de la religion musulmane au point que le terrorisme est devenu exclusivement un aspect qui la caractérise. Ceci est un jugement tout à fait injuste et une fraude dédaignant les esprits et la logique et reniant la réalité et l'Histoire.

Il est évident que les adeptes des autres religions, eux-mêmes, ont perpétré, au nom de leur religion, sous sa bannière et par l'approbation de leurs élites comme de leurs publics, des violences horribles et terrifiantes. Dans ce contexte, parlons par exemple des Croisades qui eurent lieu à l'Orient musulman, les guerres religieuses en Europe, l'Inquisition contre les Juifs et les Musulmans. Ces guerres ne sont-elles pas une sorte de terrorisme et de barbarie et des actes honteux dans l'histoire de l'humanité ?
Certains pourront dire que ces actes sont archaïques et n'ont plus d'effet destructif sur notre monde d'aujourd'hui. Alors, parlez-moi de ce que l'on appelle maintenant "Les secondes Croisades" ! En effet, cette dernière expression ne vient pas de cette atmosphère conflictuelle que l’on vit dans le monde arabo-musulman, mais il s’agit effectivement d’un titre délivré écrit par le célèbre chercheur américain, John Favor : « Les secondes Croisades »annonce une nouvelle guerre acharnée de l'Occident contre l'Islam". Le temps ne permet pas, bien sûr, d'exposer les idées de ce livre ou de le résumer. Des dizaines d'autres livres portent sur le même sujet.Mais, j'ai voulu tout simplement montrer que la déviation d'un petit nombre de Musulmans quiperpètrent ces atrocités, dénoncées entièrement de la part des Ulémas, des intellectuels, des élites et des publics musulmans, a eu lieu égalementet même redoublée parmi les adeptes des autres religions et des autres confessions. De plus, leurs leaders religieux encourageaient cette déviation en promettant aux auteurs de ces atrocités une vie éternelle dans le Paradis.

Mesdames et messieurs !
Jevous assure que l'analyse de l'histoire du "terrorisme comparé", si on peut l'appeler ainsi, montre que les Musulmans faisaient preuve d'une grande objectivité et équité en distinguant entre les religions, leurs préceptes et leurs symboles d'une part, et les déviations de ceux qui prétendent appartenir à ces religions d'autre part. Les Ulémas et les historiens musulmans appelaient ces guerres terroristes par «Horoub al-Frenja » (guerres des Francs). Ils ne les ont jamais attribuées aux religions au nom desquelles ces guerres ont été déclenchées. Ils ne les ont même pas attribuées à la croix, car ils savaient la grande différence entre la religion en tant que guidance divine et ceux qui s'en servent pour réaliser des fins personnelles et pour mettre en place des politiques d'expansion et d'hégémonie. Ceci prouve que les musulmans respectaient bien les croyances des autres malgré les persécutions qu'avaient subies les Musulmans dans le passé, et même aujourd'hui dans plusieurs pays du monde. J'en profite pour rappeler qu'aujourd'hui, on ne peut pas rester les bras croisés devant les massacres, les génocideset les déportations forcées exercées contre lesMusulmans au Myanmar dans un silence total des institutions internationales concernées dont le rôle principal est d'assurer les droits de l'homme, la vie et à la sécurité à quiconque musulman ou autre !

Aussi, il ne faut pas rester silencieux à propos de la souffrance de la Mosquée al-Aqsa, qui est la première Qibla, le troisième lieu Saint de l'Islam et la destination du Voyage nocturne du Messager d'Allah, à lui bénédiction et salut. Cette mosquée souffre de l'occupation, de la judaïsation et de la modification de ses caractéristiques islamiques.
Si certaines institutions religieuses occidentalesse permettent d'appeler le monde entier à la solution de ce qu'elles appellent « le problème de la persécution, de l'expatriation et de la déportationdes chrétiens orientaux », tout en négligeant la réalité frappante qui assure la coexistence pacifique et la paix bilatérale entre les musulmans et les chrétiens, nous affirmons en revanche que la persécution dont souffrent les centaines des milliers de musulmans. Combien de femmes et d’enfants ont aussi péri dans le désert ou sur la mer dans le but de fuir le malheur qu'ils ont envisagé dans leurs pays. Je répète : si ces institutionsse permettent de lancer un tel appel, à mon tour, j'appelle tous les raisonnables et les sages du monde, en Orient comme en Occident, à résoudre les problèmes de la persécution exercée par les non- musulmans contre les musulmans de l'Orient et de l'Occident afin d'assurer la sécurité et de promouvoir la paix. Ainsi toute l'humanité se réjouira de la paix partout dans le monde.
Mesdames et messieurs !
Allah, le Très-Haut, n'a pas établi les religions pour rendre les gens malheureux ou leur faire vivre dans la misère, la peur ou la terreur. Il les a faites descendre pour servir de lumière, de guidance et de miséricorde. Les musulmans, en particulier, sont les premiers à combattre le terrorisme avec tous ses aspects : violences, homicides,effusion de sang et meurtre.
Personnellement, je ne connais aucune religion ou aucun Livre céleste ayant établi une peine si sévère ici-bas et à l'Au-delà contre l'effusion de sang comme l'a fait l'Islam. A ce propos, le Saint Coran a prescrit le talion comme punition contre le meurtre prémédité dans cette vie présente et a menacé également l'auteur d'un tel crime par un châtiment douloureux à l'au-delà : "Celui qui tue volontairement un croyant aura la Géhenne pour rétribution ; il y demeurera à jamais. Allah exerce sur lui Son Courroux. Il l'a maudit et lui a préparé un châtiment terrible." [al-Nisā’, les Femmes, V. 93].
Comment donc accuser l'Islam de terrorisme, alors que son Messager, à lui bénédiction dit : "le vrai musulman est celui dont les gens sont à l’abri de sa langue et de sa main". Il a dit aussi : "tout ce qui appartient au musulman est interdit au musulman : son sang, son bien et son honneur.".
L'Islam n'a pas interdit seulement le meurtre et l'effusion du sang, mais il a aussi prohibé de terroriser et d'horrifier les gens, même à titre d'amusement. A ce propos, le Prophète, à lui bénédictions et salut, dit : "Celui qui dirige vers son frère un objet de fer, les anges le maudissent même s’il s’agit de son frère du même père et de la même mère ".
Comment peut-on donc taxer l'Islam de terrorisme, de violence et de barbarie, alors qu'Allah a qualifié le Prophète qui a transmis cette religion à tout le monde dans le Coran de miséricorde pour l'humanité en disant : "Nous ne t'avons envoyé que comme une miséricorde pour les mondes" [al-anbiā’, les prophètes, V. 107]
De plus, le Prophète s'est décrit en disant :"ô gens ! Je ne suis qu'une miséricorde offerte".C'est-à-dire : je suis une miséricorde qu'Allah a offerte à tout l'univers. Celui qui médite le verset et le hadith susmentionnés déduit les deux vérités incontestables suivantes :
•    La première est que la miséricorde dans son sens large incarne l'objectif suprême pour lequel Allah a envoyé Son Prophète aux êtres humains. Le style rhétorique de la "restriction" utilisé dans le verset et dans le Hadith l'exige. Le verset et le hadith s'accordent donc pour indiquer que le Prophète de l'Islam est celui de la miséricorde. Il n'a été envoyé que pour être miséricorde. La miséricorde était donc l'objectif suprême de sa naissance et de sa mission. Le Coran, lui-même, confirme cette vérité dans la mesure où la présence de terme "Rahmah" (miséricorde) est tellement fréquente dans le Coran.
Par rapport aux autres valeurs mentionnées dans le Coran telles que la véracité, l'indulgence, la justice, la loyauté, le pardon, la générosité et d'autres encore…, la valeur de la "Miséricorde" est unique vu sa forte présence dans le Coran. Ce terme et ses dérivés sont alors mentionnés 325 fois par rapport à la véracité [al-ṣidq] qui a été citée 145 fois, la patience [al-ṣabr] 90 fois, le pardon [al-‘afwo] 43 fois, la générosité [al-karam] 42 fois, la loyauté [al-amānah] 40 fois et la fidélité [wafā’] 29 fois.
La deuxième vérité que nous pourrions déduire de la méditation du verset et du hadith, c'est la généralité et la globalité de la miséricorde du Prophète, à lui bénédiction et salut : il est miséricordieux envers l'univers tout entier. C'est-à-dire qu'il est une vraie miséricorde qu'Allah a offerte à toutes les créatures. Cette miséricorde n'est pas seulement destinée aux musulmans, mais elle englobe tous les peuples et nations. Le mot '''Ālamīn", englobe non-seulement les humains, mais aussi tous les trois autres mondes (désignés par les savants, les sages et les philosophes) : animal, botanique et êtres inanimés.
Si vous jetez un coup d'œil sur la biographie du Prophète, à lui bénédictions et salut, vous serez bien étonnés du fait que la miséricorde du Prophète englobe aussi bien les êtres vivants que les êtres inanimés. De là, le Messager d'Allah, à lui bénédictions et salut, gardait des rapports de paix et d'affection avec les objets inanimés comme le montre le hadith suivant : "Uḥud est une montagne qui nous aime et que nous aimons." et encore : « je connais une pierre à la Mecque qui avait l’habitude de me saluer avant ma venue comme Prophète, et je la reconnais même aujourd’hui ».
Interdire catégoriquement aux armées musulmanes dans les guerres, de détruire les demeures des ennemis, de démolir tout ce qui est peuplé, de couper leurs arbres, ou d'arracher leurs plantes et palmiers en est une preuve évidente. Le Prophète, o lui bénédiction et salut, dit alors : "Ne trahissez pas, ne défigurez pas les morts, ne tuez pas un nouveau-né". Et dans un autre hadith : « ne coupez pas d’arbre, ne stérilisez pas les palmiers et ne détruisez aucune habitation ».
Nous pourrions aussi trouver d'autres recommandations pareilles formulées par les Compagnons et les Califes du Prophète, dont on cite les commandements d'Abū Bakr à Usāma Ibn Zayed où il a interdit à l'armée musulmane de tuer les enfants, les vieillards, les femmes, les salariés ou les moines, d'égorger les animaux à moins que ce soit pour en manger et à mesure.
A vous donc, mesdames et messieurs, et à tout le monde de comparer les grandes valeurs humaines qui régissent les guerres des musulmans et les empêchent de transgresser à la barbarie des guerres modernes qui exterminent les femmes, les hommes et les enfants en pratiquant ainsi de vrais génocides. Ces guerres détruisent les maisons au-dessus de leurs propriétaires et effacent des villages entiers. Ainsi, vous réalisez que l'Islam est la religion de la miséricorde et que Son Prophète est celui de la miséricorde !
Mes dames et messieurs !
Mesdames et messieurs !
Si nous suivons les différents aspects de cette miséricorde dans la vie humaine, animale et botanique, nous mettrons plus du temps à en parler. Cet aperçu rapide me permettra de me poser la question suivante: comment a-t-on osé présenter cette religion axée sur la conception de la miséricorde: sa signification et son objectif de vie, comme celle qui adopte la violence, l’assassinat et la terreur.
Notre pure religion n'aurait pas dû subir ces accusations prétendues. Cela n’est arrivé qu'à la suite de l’apparition de ces mauvais types de jeunes qui ont commis des massacres, des brûlages ainsi que des mutilations des corps des musulmans et des non-musulmans. Faisant ainsi, ils croient participer dans le Djihad dans le sentier d'Allah en vue de revivifier l'Etat de l'Islam. Pour atteindre leur but fictif, ils traitent de mécréance leurs adversaires musulmans qui n’adoptent pas leurs fausses idéologies et leurs tendances déviées que l'Islam réfute et dénie catégoriquement.
En effet, l'Azhar, qui a pris à sa charge de transmettre et de clarifier le message divin, ne tarde pas à mettre en garde contre la déviation de ces idées qui n’ont rien à voir ni avec l'Islam ni avec le Coran ou avec la Charia. Ces jeunes ont alors suivi le mauvais chemin en se détourant de la vérité divine et prophétique. De telle manière, ils ont porté consciemment (ou inconsciemment) atteinte à l'Islam plus que ses ennemies et déformé la tolérance de l’Islam et sa pure image de façon à permettre à ses ennemis d’en attaquer à fond les normes et les principes et de se moquer de la Sunna et de la Charia de son prophète, à l'intérieur come à l'extérieur du monde musulman.
L'Azhar, de son côté, ne cesse d’appeler ces jeunes à se réveiller et à revenir au bon chemin sachant que l'exagération qu'ils adoptent nous a menés à ces aveugles Fitnas contre lesquelles le Prophète nous a mis en garde en disant : "Ȏ vous les gens, soyez à l'écart de l'extrémisme en matière de religion, cela a été derrière la fin de ceux qui vous ont précédés". Et encore : "que les exagérateurs périssent", il s'agit ici de ceux qui exagèrent en matière d'actes et de paroles…
En pleine soumission à la parole d'Allah : " Et rappelle; car le rappel profite aux croyants." (al-Dhāryāt, Qui éparpillent, V. 55), nous rappelons ceux qui ont transgressé nos droits et porté atteinte à notre religion et notre Umma et également à notre histoire que revenir au droit chemin est mieux que persister dans le chemin du mal. Il est donc temps de se repentir afin de regretter les atteintes qu'ils ont portées à leur religion et leur Umma. Comme ils le savent, Allah tend sa main la nuit pour pardonner aux fautifs de la journée, et tend sa main le jour pour pardonner aux fautifs de la nuit… A ce propos, Allah a dit: " Certes Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne quelque associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut." (al-Nisā’, les Femmes, V 48)… et encore : "Dis : "Ȏ Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d'Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c'est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux." (al-Zumar, les Groupes, V.53).
Je vous rappelle également, et moi avec vous, ô les Ulémas de la Umma, de notre mission à accomplir et sur laquelle nous serons jugés devant Allah le jour du jugement dernier. Cette mission qui consiste à déployer le maximum d’efforts et d’énergie et à se conseiller respectivement afin d'assurer l'union de la Umma et de protéger sa foi contre la falsification des rigoristes ou les inventions des sceptiques et les fausses interprétations des ignorants.
Nous devons également faire attention à la nécessité de mettre en place le Fiqh de la modération, de faire face à celui du rigorisme et d'extrémisme et de résister à la culture du laxisme et d'occidentalisme, à la destruction de l'identité des musulmans ainsi que de leurs fondements et de leur patrimoine glorieux.
Nous devons aussi être conscients de l’importance de l’enseignement en matière de l'enracinement de la culture de la bonne cohabitation, du renouvellement des programmes partant du texte coranique, de la Sunna authentique ainsi que des textes unanimement reconnus par tous les musulmans. Nous sommes alors tenus de nous éloigner des divergences en matière de branches et de nous attacher fortement aux textes indiscutables et aux normes évidentes.
Nous devons nécessairement mettre l'accent sur la nécessité ou bien l'obligation de ne demander la Fatwa qu'auprès des Ulémas fort attachés aux fondements et aux branches de la doctrine sunnite, ulémas qui ont l'expérience et la clairvoyance en matière de nouveaux incidents et qui réalisent les dangers des opinons qui s'éloignent du consensus de la Umma, ou de celles de la majorité des Ulémas et jurisconsultes tout le long de 14 siècles.
Nous sommes tenus à savoir que le fait de s’attacher fanatiquement à ces divergences et à ces Fatwas bizarres a tellement contribué à la détérioration de la situation de notre Umma qui souffre actuellement du déchirement et de division. Sur ce, les portes ont été tout ouvertes aux ingérences étrangères par ses plans malicieux en vue de déstabiliser le monde musulman. Le résultat en est que le mal devient tellement puissant entre nous. Alors, nous n'avons plus, mesdames et messieurs, que de nous attacher fortement à la voix divine en respectant ses commandements comme Allah nous le dit dans le verset suivant: " Et cramponnez-vous tous ensemble au "Ḥabl" (câble) d'Allah et ne soyez pas divisés; et rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous: lorsque vous étiez ennemis, c'est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d'un abîme de Feu, c'est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi Allah vous montre Ses signes afin que vous soyez bien guidés." (Sourate Al 'Imrān, V. 103). Ainsi, nous sommes également de mettre en place le commandement divin mentionné dans ce verset:" Et obéissez à Allah et à Son messager; et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. Et soyez endurants, car Allah est avec les endurants." (Sourate al-Anfāl, le Butin,V. 46). A ce propos, nous devons nous rappeler l'avertissement prophétique dans son Hadith: " Les différentes communautés sont sur le point de se regrouper contre vous comme se regroupent les gens qui mangent autour d'un plat ". Une personne a dit : Est-ce que la cause de cela est que nous serons peu nombreux ce jour-là ? Le Prophète, à lui bénédiction et salut, a dit : " Ce jour-là, vous serez plutôt nombreux. Mais vous serez comme l'écume du torrent. Allah va retirer des cœurs de vos ennemis la peur qu'ils avaient de vous et il mettra dans vos cœurs le " wahan " ». Une personne a dit: Ô Messager d'Allah! Qu'est-ce que le " wahan " ? Le Prophète adit : " L'amour de l'ici-bas et le fait de détester la mort"
Nous devons, tous, les Ulémas de la Umma de toutes les écoles jurisprudentielles et doctrinales, bien comprendre la métaphore prophétique miraculeuse dans ce Hadith. Ce dernier représente un ustensile contenant une nourriture délicieuse et entouré des affamés qui s'invitent les uns les autres à en manger et à l’avaler au su et au vu de ses propriétaires et gardiens qui s’occupent uniquement des futilités et de drôles d’affaires. Si nous appliquons cette métaphore prophétique sur la situation actuelle du monde arabo-musulman tout étant donné qu’Allah leur a comblé des richesses innombrables apparentes et cachées et que les autres nations attendent le moment opportun pour les accaparer, nous réalisons alors comment ce Hadith prophétisait, il y a 15 siècles, notre situation d’aujourd’hui. Y-a-t-il alors quelqu'un pour réfléchir ?
Merci !
Et assalamuAlaykum Wa Rahmatu Allah Wa Barakatuh.
Que la Paix et la Miséricorde d'Allah soient sur vous !
Ahmed al-Tayyeb
Cheikh de l'Azhar