Statut de la prière dans les mosquées contenant des mausolées

  • | Saturday, 8 August, 2015
Statut de la prière dans les mosquées contenant des mausolées

La question des mosquées contenant des mausolées est l'une des questions jurisprudentielles secondaires qu'exploitent déplorablement certains imprudents et fauteurs de troubles pour semer la discorde entre les musulmans et se lancer respectivement des sobriquets et des  insultes en se disant les uns aux autres "un qubori"[1], un hérétique ou un polythéiste.

Quant à la prière dans la mosquée contenant un mausolée d'un prophète ou d'un homme pieux, elle est valide et légale et pourrait être même recommandable. Cette sentence jurisprudentielle se repose sur des arguments puisés dans le Saint Coran, la Sunna, les actes des Compagnons et le consensus pratique de la Oumma.

Dans le Coran, Allah, le Très-Haut, dit :

"… et déclarèrent-ils : "Construisez sur eux un édifice. Leur Seigneur les connaît mieux". Mais ceux qui l'emportèrent [dans la discussion] dirent : "élevons sur eux un sanctuaire." (Verset 21- Al Kahf (La caverne) )

Ce verset fait allusion à l'histoire des gens de la Caverne : lorsque les gens les ont trouvés ; les uns disaient : "nous allons construire sur eux un édifice", alors que les autres  disaient: "élevons sur eux un sanctuaire".

Le contexte du verset indique que les premiers propos sont l'énoncé des polythéistes alors que les seconds sont attribués aux monothéistes. D'ailleurs, le verset présente les deux avis sans désapproprier l'un ou l'autre. S'il y en avait quelque chose de faux; il serait donc approprié que le verset le désigne et en prouve la fausseté même par allusion. Approprier les deux avis par le verset montre que la Charia ne les rejette pas. Par contre, les propos des monothéistes étaient décisifs : "élevons". Ils ne veulent donc pas la simple construction mais c'est plutôt la mosquée. Cela démontre que ces gens-là connaissaient Allah et reconnaissaient l'adoration et la prière.

En interprétant ce verset, Abou Bakr Ar-Razia dit : "élevons sur eux un sanctuaire" dans lequel on adore Allah et par là, on garde les vestiges des gens de la caverne.

La prière des musulmans jadis et aujourd'hui dans la mosquée du Prophète, à lui bénédiction et salut , et dans les mosquées contenant des mausolées est valide sans aucun reniement vu l'approbation des Sept juristes oulémas de Médine qui ont  accepté le fait d'annexer la chambre honorée du Prophète à la mosquée bien qu'elle contienne trois tombes. Ce fut uniquement Saïd ibn al-Mosayab, qu'Allah l'agrée, qui n'était pas d'accord, non parce qu'il voit l'interdiction de la prière dans les mosquées contenant des mausolées mais parce qu'il voulait que les chambres restent telles qu'elles sont pour que les musulmans les envisagent en vue d'observer l'ascétisme dans ce bas-monde et pour savoir comment vivait leur prophète.

Quant au Hadith rapporté d'après Aïcha, qu'Allah l'agréé, où le Prophète dit : « Qu'Allah maudisse les Juifs et les Chrétiens, ils ont pris les tombes de leurs prophètes pour des lieux de culte. » (Rapporté par Al-Boukhari, Hadith n0 1324) et dans une autre version de Moslim : «Ils ont pris les tombes de leurs prophètes et de leurs hommes pieux pour des lieux de culte.» (Rapporté par Moslim:
n0532), les oulémas n'estiment pas, à partir de ce Hadith, qu'il s'agit d'interdire d'annexer à la mosquée un mausolée d'un prophète ou d'un homme pieux, mais ils ont montré que c'est plutôt d'interdire le fait de prendre une tombe pour un lieu de culte ou de prendre la tombe elle -même comme un lieu de prosternation en tant qu'un signe d'adoration pour le défunt enterré au-dedans comme l'ont déjà fait les juifs et les chrétiens.

A ce propos, Allah, le Très-Haut, dit :

  "Ils ont pris leurs rabbins et leurs moines, ainsi que le Christ fils de Marie, comme Seigneurs en dehors d'Allah, alors qu'on ne leur a commandé que d'adorer un Dieu unique. Pas de divinité à part Lui! Gloire à Lui! Il est au-dessus de ce qu'ils [Lui] associent ". (Verset 31- At-Tawba (Le repentir).

   C'est le sens de la prosternation ou bien le fait de rendre la tombe une direction de prière (qibla) en dehors de la direction établie par la charia qui implique donc la malédiction d'Allah comme le font les gens du Livre qui s'orientent lors de leurs prières vers les tombes de leurs rabbins et de leurs moines. Ce sont alors les cas interdis selon la compréhension des oulémas de la Oumma.

Il est nécessaire donc que les musulmans devraient savoir les cas interdits et ne pas regarder ce que font les Musulmans dans les mosquées en s'appuyant sur des Hadiths qu'ils comprennent à leur manière ou en disant que de tel Hadith concerne les Musulmans comme l'ont déjà fait les Kharijites – qu'Allah nous garde. A leur propos, Ibn 'Omar – qu'Allah les agrée tous les deux – dit : "ils avaient recours aux versets révélés à propos des infidèles pour les appliquer aux musulmans".

En plus, il n'y avait ni église ni synagogue qui ont été construites  sous forme des mosquées contenant des mausolées comme le prétendent ceux qui comprennent le Hadith de cette manière.

Enfin, il est évident que le prophète, à lui bénédiction et salut, voudrait dire, par-là, qu'il met en grade les musulmans pour ne pas faire à propos de sa tombe ce que les autres avaient fait avec la tombe de leurs prophètes.

 

[1]Personne très attachée aux  tombeaux

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