Dans un milieu fourmillant de confusions intellectuelles, dont soufrent certains, et dans le cadre de la campagne visant à chercher scrupuleusement les fautes de l'Azhar, certaines personnes lient les actes criminels de Daech tantôt à notre tradition islamique tantôt aux programmes de l'enseignement de l'Azhar. Il semble que ces personnes confondent la Tradition islamique avec les programmes de l'Azhar. Pour elles, la Tradition islamique et les programmes de l'Azhar sont synonymes.
En effet, la Tradition islamique désigne les ouvrages, légués des pieux prédécesseurs (Salaf) dont le Hadith, l'Exégèse, la biographie du prophète, la théologie, la Jurisprudence islamique (Fiqh) ainsi que les autres sciences qui servent le Coran et la Sunna du Prophète et y puisent. Cette Tradition n'est la propriété privée ni de l'Azhar ni de l'Egypte, mais elle appartient plutôt à tous les musulmans. En fait, nul n'a le droit de s'immiscer dans cette Tradition sans en avoir le consentement, à travers les institutions compétentes, permettant d'entreprendre, le cas échéant, un travail collectif. S'il en est ainsi, ce travail va durer des décennies. D'ailleurs, nous croyons qu'un tel travail n'est pas urgent car notre Tradition islamique est innocente de ce que l’on accuse injustement. En fait, cette Tradition avait formé les éminents Oulémas musulmans, à l’Est comme à l’Ouest, qui ont éclairé le monde par leur connaissance et leur juste-milieu. A travers les siècles, personne d'entre eux n’a jamais dirigé une organisation terroriste. En plus, ces allégations n’ont vu le jour que seulement dans cette ère, du pêle-mêle, dans laquelle la critique acerbe de la Tradition est devenue un droit commun, comme si ces génies ont découvert subitement que les prédécesseurs n’avaient pas constaté les problèmes de cette Tradition.
Il existe indubitablement, dans notre Tradition islamique, certains textes faibles invalides pour donner des sentences. Certes, il y a des informations inventées que les prédécesseurs n’ont point omises. Au contraire, ils ont établi des règles régissantes et des sciences révélatrices comme les sciences du Hadith, les ouvrages traitant les transmetteurs du Hadith, les recueils des hadiths authentiques et ceux des hadiths faibles ou inventés. D’ailleurs, il existe dans les livres de Tradition des textes, qui ne correspondaient qu'à leur propre époque ou qui traitent des incidents précis dont la sentence ne pourrait pas être applicable dans d’autres cas. En fait, les Oulémas procèdent à étudier des textes dans les domaines de l'Exégèse coranique, du Hadith ou de biographie du prophète sans y trouver aucun problème ni d'en dégager une sentence légale à l'instar de ce que les uns prétendent actuellement. Ceci parce qu'ils connaissent bien les règles d'argumentation et de déduction, le général et le particulier, le syntactique et le détaillé, l'absolu et le restreint ainsi que l'abrogeant et l'abrogé. Je crois que ni le sens de tels vocables ni leur thème n'est envisagé par les uns.
En bref, l'Azhar ne peut être tenu ni pour responsable ni pour propriétaire de la Tradition islamique. En effet, même si elle contient ce qui est faible ou inventé, cela ne pose aucun problème lorsqu'on laisse aux Oulémas - compétents, qualifiés et ayant les outils pour la comprendre- le soin de l'examiner et d'en dégager les sentences. Mais, on donne, malheureusement, ce droit à tous ceux qui savent uniquement lire et écrire. Ils seront, même s'ils maîtrisaient d'autres sciences, comme s'ils ramassaient le bois pendant la nuit. Il y en a quelques-unes qui traitent la Tradition avec des préjugés et des idées préconçues en coupant les textes et en les enlevant de son contexte. Ainsi, les expressions deviennent tellement rigides qu'elles n'expriment pas correctement l'esprit du savant dans son ouvrage. De tels groupes s'appuient sur le fait que beaucoup de gens ne lisent pas et se contentent d'écouter les autres.
Quant aux programmes de l'enseignement à l'Azhar, ils constituent l'ensemble de matières enseignées aux étudiants de l'Azhar aussi bien dans ses instituts que dans les facultés et de son université. Ces programmes, surtout ceux qui sont enseignés dans les facultés religieuses, sont puisés dans la Tradition islamique. Accuser ces programmes d'être la référence des organisations terroristes est quelque chose de comique. C'est comme si ces phrases qui se trouvent au fond des livres de la Tradition et des programmes de l'enseignement de l'Azhar sont des textes sacrés qu'ont suivi Daech et les autres groupes terroristes en tant que Coran au sujet duquel on ne peut jamais tolérer la moindre concession.
De nombreuses questions restent sans réponses de la part de ces individus malveillants : Si on enseigne ces programmes aux étudiants de l’Azhar depuis près de 10 siècles et demi, combien de diplômés de l’Azhar adhérent-ils Daech ? Avaient-vous rencontré des membres de Daech qui vous ont raconté, peut-être, qu’ils avaient été fascinés par les programmes de l'enseignement à l’Azhar, mais ils ont décidé de se contrarier à tous ses Oulémas ?
De plus, les programmes de l’Azhar avaient-ils des effets tellement magiques qu'ils ont pu attirer les mercenaires dont la plupart au moins ne parle pas arabe, qui est la langue de l’enseignement, alors qu’ils n’ont eu aucun impact sur ceux qui les avaient étudié profondément en vue de les rendre membres de Daech? Si les programmes de l'enseignement à l’Azhar étaient ainsi, pourquoi tout le monde reconnaît-il, depuis longtemps, que l’Azhar est le défenseur du juste-milieu et de la modération ? Est-il possible que l’Azhar ait réussi à tromper tout le monde durant tous ces siècles ? Pourquoi l’émergence de Daech a-t-elle tardé jusqu’à notre temps alors que les programmes de l'enseignement à l’Azhar remontent à près de 20 générations ? Il me vient également à l'esprit les questions suivantes : Pourquoi insistez-vous sur la représentation de Daech en tant que groupe égyptien diplômé de l’Azhar ? N'êtes-vous pas renseignés de l'attitude du président français lorsqu’il a rencontré le Grand Imam de l’Azhar en Arabie Saoudite ? Pourquoi ne parlez-vous pas de l'attitude des pays de l'Occident vis-à-vis de l’Azhar et de son éminent Cheikh ? Pourquoi ne prêtez-vous aucune attention aux travaux du Comité de la réforme de l’enseignement qui a achevé son travail concernant le développement de tous les programmes d’enseignement de l’Azhar ? Ceux-ci sont sous-presse et seront disponibles aux étudiants au début de l’année prochaine. Ce comité est aussi sur le point de terminer la révision des programmes de l'enseignement du Ministère de l'éducation et d’enseignement.
Chers Monsieur, craignez-vous Allah ! Sans l’Azhar, la langue arabe aurait été perdue, nous aurions devenu membres de Daech et nous serions restés sous occupation jusqu’à nos jours.