Le danger du Takfîr

Dr. Ahmad al-Tayyib

  • | Tuesday, 2 June, 2015
Le danger du Takfîr

Louanges à Allah, salut et bénédiction au Prophète Mohammed, à sa famille, à ses compagnons, et à tous ceux qui ont suivi son exemple.

Le chaos du Takfîret des Fatwas autorisant de tuer les musulmans et de les combattre est, sans aucun doute, l’une des questions les plus dangereusesqu'affronteaujourd’hui le monde arabe et islamique. Il s’agit d’un grand malheur qui frappe nos sociétés. Nous pensions que ces personnes (qui lancent des accusations de mécréance), en Egypte et dans d’autres pays, ont repris leur raison, bien compris leur religion et se sont débarrassées de ce fléau et de ses conséquences depuis les années 1990 du siècle dernier. Mais, nous sommes surpris de la reparution, encore une fois, de ce fléau qui frappe nos pays et assaillit entièrement des peuples arabes et islamiques en Asie et en Afrique : Tuer, détruire, bombarder, assassiner les innocents et transformer la vie humaine en un malheur insupportable.

Ces actes criminels sont, malheureusement, perpétrés au nom de l’Islam et de sa législation tolérante. Par ailleurs, Ils sont accompagnés, au moment de leur exécution, des cris de La IlahaIlla Allah, Allahu 'Akbar« Il n’y a aucune divinité qu’Allah- Allah est le plus Grand » et des prétentions des « djihad et martyre pour la cause d’Allah ». Cela était exploité par les médias occidentaux pour déformer l’image de l’Islam et le présenter au monde en tant que religion barbare et assoiffée de sang et de meurtre, une religion qui inspire la violence, la haine et larancune à ses adeptes.

En effet, le phénomène du Takfîr des opposants- qui a pour conséquence d’autoriser le meurtre- n’est pas nouveau dans les sociétés islamiques et son fiqh ne l’est pas non plus pour les musulmans. Nous avons, tous, étudié l’histoire de l’école kharijite et son apparition très tôt aux débuts de l’islam. Les Kharijites sont tombés dansce malheur à cause de leur déviation dogmatiquejurisprudentielle. J’entends ici leur fausse compréhension de la relation entre le concept de la croyance en Allah en tant que principe fondamental et les actions en tant que principes secondaires. Nous avons vu comment ils se sont égarés lorsqu’ils se sont rattachés à certains aspects tout en négligeant d’autres qui les contredisent et appelant au contraire dece qu'ils ont déjà compris et appliqués strictement à partir de certains versets coraniques.

Nous ne pouvons pas certainement présenter, dans cet article, des informations détaillées sur la question du Takfîr : les origines, les motifs, l’évolution, les doctrines, le fiqh et le fond. Mais, il convient, plutôt, de parler brièvement de sa reparution et de chercher les raisons profondes qui l’ont fait resurgir et reprendre ses activités destructives.

Nous savons, à travers l’étude de l’histoire du Takfîr, que nos sociétés en Egypte et dans le monde arabo-islamiquen'ont pas connu, avant l’année 1967 du dernier siècle, l’apparition d’aucun groupe qui autorise de lancer l’accusation de mécréance et d’ignorance contre la société et qui croit à la nécessité d'être sentimentalement isolé de ses individus.. D’ailleurs, nous savons bien que le groupe moderne du Takfîr a vu le jour dans les prisons et les centres de détention à cause des actes de violence et de persécutions exercés contre les jeunes membres des mouvements islamistes. Lorsqu’on leur a demandé, en ce temps-là, de déclarer leur appui au gouverneur, la plupart d’entre eux l'a fait immédiatement alors qu’un nombre réduit d'entre eux a refusé tout en considérant l’attitude de leurs amis comme une sorte de faiblesse en matière de religion et en refusant catégoriquement cette déclaration et cette attitude. Elles accomplissaient isolément la prière et se sont séparées du reste de leursconfrères qui sont, désormais, accusés de mécréance à cause de leur soutienà un gouverneur mécréant. De plus, ellesont accusé de mécréance toute la société pour la même raison. Ainsi, les prières et le jeûne des membres de cette société sont invalides. De plus, elles ont déclaré que l'on ne peut éviter la mécréance qu'en adhérant à leur groupe et prêtant serment d’allégeance à leur imam[1]. 

Cet incident, ayant lieu en 1967, constitue, peut-être, la première parution du groupe du Takfîr après les kharijites, les Batiniyya et les autres groupes qui n'ont plus de traces. C’est ainsi que le phénomène du « Takfîr » a fait son irruption avec ces jeunes qui n’avaient aucune habilité scientifique ou culturelle pour comprendre l’islam si ce n'est pas l’enthousiasme, les réactions frivoles et aigues, le sentiment de vengeance qu'éprouvent les impuissants et les faibles contre les bourreaux et les tyrans. Le Takfîr était, donc, le moyen exemplaire et le plus rapide pour exprimer leur amère réalité.

De là, leurs jugements et leurs conceptions n’étaient pas le fruit d’une bonne compréhension ou d’une bonne pensée. Bien au contraire, ils reflétaient plutôt une réalité pleine d'oppression et de pression. Raison pour laquelle, un nombre de défenseurs de ce mouvement a représenté le Takfîrétant considéré comme une « pensée de crise » et non pas un principe adopté par le mouvement islamique, malgré la tendance d’un nombre d’entre eux au Takfîr[2].

De plus, d'autres chercheurs estiment que la naissancedu Takfîrà l'époque moderne n'était pas avec ces jeunes hommes qui ont déclaré dans les prisons, au milieu des années soixante du denier siècle, la mécréance du gouverneur et de la société, mais plutôt en 1968 avec un autre groupe baptisé(le groupe des musulmans)(Jama’it al-Muslimin) ». Ce groupe était connu plus tard sous le nom du « groupe du Takfîr et d’immigration (Jama’it al-Takfîrwalhijrah) » et avait un impact sur d’autres groupes islamistes.

Quelle que soient les raisons de l'émergence du Takfîr, il est indubitable que les violations ayant lieu dans les prisons, à cette époque-là, avaient mené ces jeunes à adopter des croyances corrompues et des conceptions irrégulières. Celui qui consulte les ouvrages écrits pendant les époques où les libertés ont été tellement confisquées, aujourd'hui comme hier, trouvera beaucoup d'opinions et de pensées qui auraient pu changer sur le plan de la forme et du fond si elles étaient écrites dans un climat de liberté.

Cependant, les prisons ne sont pas la seule raison de la reparution du Takfîrdans notre époque. Je pense qu’il y a une autre raison plus profonde qui encourage ces personnes et les incite à lancer facilement des accusations de mécréance contre les autres. C’est la tradition longue et cumulative qu’on peut nommer « la tradition d’exagération et d'extrémisme dans la pensée islamique ». Cette tradition s’avère très loin- depuis sa création- des croyances de la Oumma. Elle appartient d’une manière ou d’une autre àla tradition des Kharijites dont le prophète a averti[3] et qui sont rejetés par la grande masse de la Oumma islamique hier et aujourd'hui.

J’estime également que la pomme de discorde entre la foi de ces personnes (qui lancent des accusations de mécréances) et la foi de tous les oulémas musulmans réside dans « la relation entre l’action et l’essence et la réalité de la foi (Iman) » qui fait partie du chapitre « La Iman et l'Islam ».

Permettez-moi, chers lecteurs, de répéter cette idée qui n’est pas nouvelle mais qu'un nombre d’étudiants, de chercheurs et d'analystes ne réalisent pas. Il me semble tout à fait pertinent d'en parler maintenant : Il est bien établi que l’école sunnite estime que « la foi » (Iman) signifie la croyance du cœur en Allah, en Ses Anges, en Ses Livres, en Ses Prophètes, en Le Jour Dernier. Beaucoup de Hadiths le montrent explicitement. En effet, le prophète a défini la foi dans le Hadith rapporté par Al-Bukhari d’après Abu Hurayrah tout en disant « « La foi est de croire en Allah, en Ses Anges, en Ses Livres, en Ses Prophètes, en Le Jour Dernier »[4].

Quant aux actes tels que la prière, le jeûne, le pèlerinage, le Zakat, l'accomplissement des devoirs et l'abandon des actions prohibées, ils n'en font pas partie, d'après la définition prophétique : cela signifie qu'ils n'y représentent pas une partie intégrante de son essence, mais une condition de la perfection. Ilsont effectivement un impact important sur l'augmentation et la diminution de la foi. Ilspeuvent augmenter la foi au plus haut degré et la diminuer au plus bas degré. Cela signifie que le manque des actes n'implique pasl'absence radicale de la foi. Le croyant demeure croyant même s'il n'a pas accompli certaines obligations ou s’ila commis certains péchés. Il n'est pas permis de l'accuser de mécréance tant qu'il garde toujours la conviction du cœur qui constitue la réalité et l'essence de la foi.

Ce principe est, particulièrement, décisif pour mieux distinguer entre l'école sunnite (Al-'Acha'irah, al-Maturidiyyah et 'Ahla al-Hadith)  et les autres écoles qui estiment que les actes font partie de la réalité de la foi. Selon eux, celui qui commet un péché capital perd sa foi et devient mécréant. En effet, un tel avis ouvrirait la porteà l'effusion du sang et au billage des biens.

Ce principe est aussi, décisif pour mieux distinguer entre la croyance, 'Aqidah, de la majorité des oulémas et celle des Mutazilites. Ces derniers estiment que celui qui commet un péché capital  n'est ni croyant ni mécréant mais il est situé à mi-chemin entre la croyance et la mécréance. Ils le nomment le grand pécheur "al-Fasiq". De tels propos ont été rejetés par les oulémas de l’école sunnite.

Ce que je voudrais illustrer ici est qu’un nombre de disciples des écoles jurisprudentielles possède actuellement une tradition rigoriste concernant le concept de la foi. Ils essayent autant que possible d’enraciner dans la mentalité des jeunes, à travers les cours, les écritures et les chaines satellitaires, que l’opinion correcteest celle qui estime que la foi est une croyance et acte à la fois et que la conviction ou la croyance du cœur, toutes seules,  ne suffissent pas pour assurer la foi.

Si les disciples de ces écoles rigoristes se contentaient d’exprimer leurs opinions comme faisant partie d’autres opinions, l’affaire aurait été plus simple. Mais, ils les diffusaient comme si elles étaient la seule vérité absolue et comme si l’opinion des ‘Ach’arit était aberrante, déviée et incompatible avec l’islam. Ils agissent ainsi alors que 90 % des musulmans, à l'est comme à l'ouest, sont Ach’arite et estiment que la foi est la croyance du cœur et que les actions augmentent et diminuent la foi mais ne l’annulent pas. 

Si nous appelons maintenant, à travers cet article, à être de nouveau conscient de l’école d’al-‘Acha’irah, d’al-Maturidiyyah et d’Ahl al-Hadith à l’égard de cette question, nous appelons à l'école sur laquelle la masse de la Oumma islamique s'est mis d'accord tout le long de son histoire de manière à ne qualifier de mécréance que celui qui ose à commettre la vraie mécréance en niant par exemple l'un des piliers de l'iman ou ce qu'on sait par nécessité de la religion.

Cette doctrine, dont la règle d’or stipule que rien ne pourrait te faire sortir de la religion que le fait de renier ce qui t'a fait y entrer, est confirmée par les versets coraniques qui confirme la distinction entre la réalité de la foi de celle des actes. A maintes reprises dans le Coran, les actes ont été liés à la foi par une particule de conjonction qui désigne la différence entre les deux réalités, comme c'est le cas dans le verset : « Ceux qui ont la foi et qui ont fait de bonnes œuvres ».

Beaucoup de versets coraniques montrent que la foi demeure dans le cœur du croyant, même s’il a commis des péchés ou des actes de désobéissance. A ce propos, Allah dit : « Et si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux » [S. Les appartements (Al-Hujurat), V. 9]. Bien que l’homicide soit l’un des péchés capitaux, Allah a qualifié les deux parties qui y avaient participé d’être croyants. 

De même, Allah dit aussi : « De même, c'est au nom de la vérité que ton Seigneur t'a fait sortir de ta demeure, malgré la répulsion d'une partie des croyants.  Ils discutent avec toi au sujet de la vérité après qu'elle fut clairement apparue; comme si on les poussait vers la mort et qu'ils (la) voyaient. » [S. Le butin (Al-Anfal), V. 5-6]. Allah attribue aux compagnons du Prophète des actes considérés comme des péchés capitaux, tels que la répulsion de faire le Jihad avec le Prophète, la controverse contre lui alors qu’ils sachent bien la vérité, pourtant, Il les a désignés « une partie des croyants ».

Parmi les preuves coraniques qui illustrent cette idée, nous citons : « Quiconque a renié Allah après avoir cru... - sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi » [S. Les abeilles (An-Nahl), V. 106], «Ô vous qui avez cru! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas?C'est une grande abomination auprès d'Allah que de dire ce que vous ne faites pas. » [S. Le rang (As-Saff), V. 2-3], « Ô vous qui croyez! Qu'avez-vous? Lorsque l'on vous a dit: ‹Elancez-vous dans le sentier d'Allah›; vous vous êtes appesantis sur la terre » [S. Le repentir (At-Tawbah), V. 38]. D’autres versets coraniques s’adressent aux pécheurs par la formule « Ô vous qui avez cru! » en leur accordant l’épithète croyants. Cela démontre incontestablement que l’auteur d’un péché capital (Kabirah)est croyant et qu’il n’est pas permis de l’accuser de mécréance sauf s’il est devenu polythéiste ou a renié les principes de base de la religion. C’est par là qu’il est devenu mécréant. 

Cette doctrine ashʻarite, qui est celle de la majorité des oulémas, exprime l’espérance des hommes, des pécheurs en général et des croyants en particulier à la Grâce, au Pardon et à la Miséricorde d’Allah. Elle reflète ainsi la facilité de cette religion et sa pitié et sa clémence envers ses adeptes. 

Celui qui lit alors l’introduction de l’ouvrage intitulé Maqālāt al-ʹIslāmiyīn « Propos des Musulmans »  de notre Imam Abī al-Ḥasanal-Ashʻarī, sera fasciné par la tolérance islamique dont jouissait cet éminent Imam étant donné qu’il compile les propos, les écoles et les divergences, qui surviennent parmi les Musulmans, sous la bannière de l’Islam avec pour titre Maqālāt al-ʹIslāmiyīnwa ʹIkhtilāfāt al-Muṣalīn« Propos des Musulmans et divergences des prieurs ».

Ecoutez ce qu’il dit dans son introduction: « Après leur Prophète (bénédiction et salut d’Allah sur lui), les gens se sont divergés au sujet de plusieurs questions. Traitant ces questions, les uns ont fourvoyé et désavoué les autres. Ainsi, ils sont devenus sectes opposés et partis dispersés. Cependant, l’Islam les unit et les englobe ».[5]Ce texte est digne d’être présent à l’esprit de tout savant traitant le schisme et la discordance qui atteignent les Musulmans d’aujourd’hui.

Cette doctrine a beaucoup contribué à éviter l’effusion du sang des Musulmans et à préserver leurs biens et leur honneur que le Prophète avait sacralisés. Il dit : « Tout ce qui appartient au musulman est interdit au musulman : son sang, son bien et son honneur.»[6]Il a dit aussi pendant le Pèlerinage d'Adieu : « En vérité, votre sang, vos biens et votre honneur sont inviolables comme ce jour est sacré. »[7] C’est en fait la même doctrine dont la vision est équilibrée vis-à-vis de l’homme qui est fautif par nature, en vertu du Hadith du Prophète (bénédiction et salut d’Allah sur lui)  a indiqué dans son Hadith : « Tout fils d'Adam est fautif et le meilleur des fautifs ceux qui se repentent ».

Vous savez, chers oulémas, qu’aucun individu, aucun organisme, aucun groupe, aucune organisation n’a le droit, selon la doctrine ashʻarite, de procéder au Takfîr. Mais, il est plutôt un terme purement juridique ayant des normes, des conditions à remplir et des restrictions. D'ailleurs, le Takfîrn'est qu'à la magistrature et aux responsables. Seuls les ignorants se précipitent en vue de l’exercer. C’est ce qui a confirmé l'Imam al-Ghazali : « Se tromper d’accuser mille incroyants de mécréance est moins grave que se tromper de verser le sang d'un Musulman.» [8]

Aussi, l'Imam Muhammad Abduh estime que le fait d’éviter le Takfîr est l'un des fondements de la législation musulmane. A ce propos, il dit : « S'il y a cent raisons portant à accuser quelqu'un de mécréance à partir de certains propos et une seule raison affirmant sa croyance, il faut le considérer comme croyant et il n'est pas permis de l'accuser de mécréance. »[9]

Je ne cherche pas ici, Allah le sait, à promouvoir les divergences entre les oulémas. En effet, l'Azhar n'est pas une institution qui fomente le schisme parmi les Musulmans, qu'Allah l'en préserve. Pendant plus de mille ans, l'Azhar enseignait, et enseigne encore, les différentes écoles jurisprudentielles, les diverses questions théologiques ainsi que les différentes sciences islamiques. Pourtant, l'Azhar a adopté, depuis des siècles, l'école sunnite en la considérant comme bouée de sauvetage pour les Musulmans chaque fois qu'ils étaient atteints par les fléaux du schisme et du sectarisme haineux.  La voie de l'Azhar aujourd'hui est celle d'hier: chercher autant que possible à unifier et à serrer les rangs des Musulmans face aux tempêtes et aux difficultés.

Certes, l'Azhar, qui est censé unifier les Musulmans et qui ne distingue pas entre une école et une autre dans le cadre de sa lutte contre les mouvements de l'athéisme, de l'occidentalisation et de la corruption morale, n’épargne aucun effort pour affronte le phénomène du Takfîr, rejeté, hier et aujourd'hui, par toute la Oumma musulmane.

Chers lecteurs ! Pour atteindre cet objectif, nous n'avons que poursuivre les efforts afin d'unir les oulémas des Musulmans face aux dangers qui menacent nous tous, réaliser les intérêts de la Oumma et repousser les éléments corrupteurs. Sans cette union, les résultats ne seront ni à la hauteur de ce que nous espérons pour notre communauté ni à son intérêt, surtout dans les circonstances que traverse notre monde aujourd'hui.

En assumant ma responsabilité en tant que Cheikh de l'Azhar, j'ai déclaré, dès le premier jour, que l'unité de la Oumma fait partie des finalités de la Charia et que le consensus de ses oulémas à propos des questions décisives, surtout celle du Takfîr, est le seul moyen pour assurer notre sécurité intérieure et notre existence dans le monde, et aussi, pour maintenir la paix internationale. Ce qui m'a incité à poser des questions est que mes appels réitérés et récurrents pour l'unité de la Oumma, la réconciliation entre les différentes écoles et la communication avec les Oulémas n'étaient pas entendus de manière à ressusciter l’espoir que la Oumma sera capable de relever les défis. J’implore Allah, le Très Haut, de le réaliser grâce à vous, à votre dévouement et à vos bonnes intentions.

Notre Oumma, comme l’établit la religion islamique droite, est la meilleure communauté. Elle mérite d’être au-devant de la scène. En effet, l'Azhar, qui ouvre ses portes à tout le monde tout en tenant compte de l’espace et du temps et en respectant les divergences entre les oulémas, appelle, de nouveau, tous les musulmans (peuples et gouverneurs) à adopter la voie du juste milieu dans la compréhension, la croyance et les actes, une voie tracée par le Coran et par la Sunna afin de préserver le présent et l'avenir de la Oumma conformément à la parole d'Allah :

« Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins pour les gens, comme le Messager sera témoin pour vous. » (S. Al-Baqarah, V.143)

 

Fait le 24 Jumada I 1435, le 25 mars 2014 ap. J.-C.                        

                       

Ahmad al-Tayyib

Cheikh de l'Azhar

 

[1] Cf. Salim 'Ali al-Bahnasawi: al-Hukm Wa Qadiyyat al-Takfir, Dar al-'Ansar, Le Caire, 1977 ap.J.- C./ 1397 h., pp.24-25.

[2]Mu'Tazal-Khatib, Sayyid Qutb Waltakfir : 'Azmat 'Afkar 'Am MushkilatQir'a'ah, Madbuli, Le Caire, 2009, p.44.

[3] Le prophète (que le salut et la bénédiction de Dieu soient sur lui) dit par exemple dans le Hadith d'Abu Said al-Khudareyy : « Ils lisent le Coran, il ne dépassera pas leur gosiers, ils tueront les gens de l’Islam et laisserons en paix les gens des idoles ».

[4]Sahih al-Bukhari, Livre « al-Iman», Chapitre « la question posée par Gabriel au prophète sur l'iman. »

[5]L’Imam al-Ashʻarī, Maqālāt al-ʹIslāmiyī, P. 1-2.

[6] Rapporté par Muslin dans son Ṣaḥīḥ. No 2564.

[7]Rapporté par al-Bukhārī(No 67) et Muslim (1679).

[8] Al-Iqtisad fi al'I'tiqad, Version d'al-Kutubal'Ilmiyah. 2004, P. 135.

[9]Al'Amal al-Kamilah li al-Imam al-Cheikh Muhammad Abduh, revise par Dr. Muhammad Imarah, Dar al-Shuruq, 1993, Tom. 3, P. 302.

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