Quelle est l'attitude de l'Islam vis-à-vis des arts ?

  • | Monday, 1 June, 2015
Quelle est l'attitude de l'Islam vis-à-vis des arts ?

I   — L'Islam est une religion qui apprécie et fait appel à la beauté. Le Prophète — à lui bénédiction et salut — dit à cet égard : « Allah est beau et aime tout ce qui est beau. » (Rapporté par Moslem dans le chap. Al lmân.)

Or, l'art est en vérité une création esthétique par conséquent l'Islam ne peut s'y opposer.

II s'agit tout simplement de la priorité que l'Islam
accorde à la morale la préférant au principe de
l'esthétique. En d'autres termes, ce dernier principe est
lié au premier et en dépend. C'est là l'attitude
primordiale de l'Islam face à toutes sortes d'art. D'autre
part, il est un critère islamique scion lequel on juge tous
les arts et qui consiste à appliquer la règle suivante : « Le
côté esthétique de tout art est bon alors que sa laideur
est répréhensible ». Le Saint Coran attire l'attention, à
maintes reprises, vers la beauté, la créativité et la
perfection de l'univers, ainsi que la jouissance et le plaisir
qu'il procure aux yeux. (Voir Sourates : Al Hijr, v. 16 ; Al Nahl, v. 6 ; Fuçilat. v. 12.)

Il n'est donc pas logique que l'Islam s'oppose à l'art quand celui-ci se distingue par la beauté ; mais quand il apparaît d'une manière laide, que ce soit une laideur physique ou morale, l'Islam dans ce cas le refuse et s'y oppose.

2— Il s'en suit que lorsque l'art vise à procurer un plaisir intellectuel quelconque, à élever les sensations et adoucir les sentiments, nul ne s'y oppose. Cependant, quand il s'adresse aux instincts de l'homme il devient ainsi un art maléfique favorisant la corruption de la vie. Il s'écarte alors du cercle des arts et devient une sorte de plaisanterie condamnée et de badinage rejeté et c'est ce que désapprouve l'Islam.
3— Si le chant et la musique nous apportent de belles mélodies, de paroles décentes et de sons sublimes accompagnant de belles voix, cela n'est point rejeté par l'Islam tant qu'il est inscrit dans un cadre moral ; c'est-à-dire tant que le but recherché est l'élévation des sentiments et de l'esprit de l'homme. Le Prophète — à lui bénédiction et salut — avait admiré la voix d'Abou Moussa Al Ach'ari lorsque ce dernier récitait le Coran. En outre, le Prophète choisissait la plus belle voix, parmi ses compagnons, pour faire l'appel à la prière ; et il entendait le son du tambour et de la flûte sans être froissé. Or, un jour de fête, Abou Bakr entra chez sa fille Aïcha, l'épouse du Messager, alors que deux de ses servantes chantaient et battaient du tambour. Abou Bakr protesta vivement mais le Prophète n'approuvant pas l'attitude de celui-ci, lui dit alors : « Laisse-les, Abou Bakr, c'est un jour de fête. » (Hadith authentique.)

 

Le Prophète avait lui-même conseillé à Aïcha d'envoyer quelqu'un chanter au cours de la cérémonie de mariage d'une parente proche mariée à un homme des Ançars.

Beaucoup d'autres récits attribués au Prophète — à lui bénédiction et salut — montrent que la chanson et la musique ne sont pas interdites dans l'Islam tant qu'elles ne sont point accompagnées de choses immorales. (Al Qaradawi 1978, p.291, Ghazali S.D., p.174)

4 — Quant à la danse; l'Islam établit à cet égard une distinction entre la danse de la femme et celle de l'homme. Les danses populaires effectuées par l'homme sont acceptées et l'Islam n'y trouve point de mal. Le Prophète — à lui bénédiction et salut — a autorisé Aïcha à regarder danser les Ethiopiens, un jour de fête. D'autre part, il n'y a point de mal si une femme entreprend la danse devant ses semblables, mais quant au fait de danser devant les hommes, cela est désapprouvé par l'Islam.

5 — L'art dramatique est, quant à lui, licite tant qu'il se déroule dans un cadre moral ; personne ne peut nier le rôle efficace de cet art face à plusieurs problèmes en vue de mettre fin à de nombreux aspects négatifs dans la société. Il n'y a point de mal également à ce que la représentation dramatique renferme quelques aspects de divertissement simple, d'amusement acceptable qui ne dépasse pas les limites. Il en est de même pour la photographie qui représente, dans notre vie contemporaine une nécessité indispensable.

 

6 — Quant à la sculpture et aux statues, il est des textes évidents qui les interdisent ; or la raison pour laquelle l'Islam a prohibé cela revient en premier lieu à l'appréhension de vénérer ou d'adorer ces statues comme le faisaient autrefois les adorateurs des idoles. Toutefois, si en raison de leur clairvoyance les hommes n'envisagent pas l'adoration de ces statues, il n'y aurait pas de mal à la sculpture.

Cependant, l'Islam préfère clore ce chapitre pour éviter toute infraction future, car l'Islam est une législation pour tous les siècles et tous les hommes ; or ce qui est rejeté dans un milieu peut être accepté dans un autre ; ce qui était considéré comme impossible à une époque pourrait devenir une vérité réelle à une autre.


Dr. Al Qaradawi : Le licite et l'illicite en Islam, Al Doha, Qatar 1978.
Mohamad Al Ghazali : Cent questions sur l'Islam. Tome 1.

 

 

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Categories: L'Islam
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