Quelle est l'attitude des musulmans vis-à-vis des civilisations anciennes et de l'incendie de la Bibliothèque d'Alexandrie ?

  • | Monday, 1 June, 2015
Quelle est l'attitude des musulmans vis-à-vis des civilisations anciennes et de l'incendie de la Bibliothèque d'Alexandrie ?

1 — Il est faux de dire que les musulmans ne respectaient pas les civilisations anciennes car ils ont tiré grand profit du côté positif de ces civilisations, ils ont aussi traduit en arabe de nombreux ouvrages grecs, persans, indiens et autres car ils croyaient fermement que le patrimoine humain renferme les expertises, les expériences et les sciences des divers peuples, par conséquent il est indispensable d'en tirer profit. Le Prophète — à lui bénédiction et salut — quant à lui dit à cet égard :

« La parole sage est le but du croyant, dès qu'il la trouve, il doit se l'approprier ». (Rapporté par Ebn Mâga dans Al Zohd.)

Parmi les adages islamiques célèbres, rappelons celui-ci : « Recherchez la science et le savoir en vous rendant même jusqu'en Chine. » (Voir Kachf Al Khafa, T. 1, p. 138.) En d'autres termes, recherchez le savoir même s'il et en possession de ceux qui n'adhèrent pas à votre religion ou encore s'il est à l'endroit le plus éloigné de la terre, or à cette époque, les Arabes considéraient la Chine comme le lieu le plus éloigné de la terre.

2— Le philosophe musulman Ebn Ruchd (Averroès) explique l'attitude de l'Islam vis-à-vis du patrimoine des civilisations anciennes en ces termes : « la loi islamique exige le recours aux ouvrages des anciens pour en prendre connaissance tant que le but poursuivi par ces derniers est le même auquel nous incite cette loi, à savoir l'usage de la raison dans la connaissance des choses existantes ». Puis il ajoute : « Nous examinons ce qu'ils ont dit à cet égard et ce qu'ils ont prouvé dans leurs ouvrages : Si cela est conforme à la vérité, nous l'acceptons de bon cœur et nous les en remercions ; mais si cela n'est point conforme à la vérité, nous mettons en garde tout en les excusant.» (Revoir : Philosophie d'Ebn Ruchd. p. 17. Beirut. 1982.)
3— La vérité scientifique et historique affirme que les musulmans n'ont point incendié la Bibliothèque d'Alexandrie, et qu'on les avait injustement accusés d'avoir commis ce crime.

Les adversaires des musulmans avaient répandu ces rumeurs sans aucun fondement réel de sorte que les gens se sont mis à les répéter comme une vérité reconnue ; ces rumeurs se répandirent notamment au XIIIe siècle, inspirées par les Croisades. Malheureusement, elles sont répétées jusqu'à nos jours bien que les savants aient prouvé leur erreur. Elles consistent à rapporter que le second calife Omar Ebn Al Khatab avait donné l'ordre d'incendier l'ancienne Bibliothèque d'Alexandrie, en lui attribuant ces propos : Si les ouvrages de cette bibliothèque renferment tout ce qui se trouve dans le Coran, ils ne sont donc d'aucune utilité et nous n'en avons point besoin. Par contre, s'ils contiennent des choses incompatibles avec le Coran, il est donc nécessaire de les détruire. Une légende raconte, d'autre part, que les Arabes musulmans se saisirent de ces ouvrages pour en faire un combustible dans les bains publics pendant six mois.

4— L'orientaliste allemande Sigrid Hunk a démontré, dans son ouvrage intitulé « Allah est totalement différent»... que lorsque les Arabes entrèrent, en l'an 642, à Alexandrie il n'y avait point de bibliothèque dans cette ville, car elle avait été déjà incendiée bien des siècles avant cette date, de même qu'il n'y avait pas de bains publics. L'orientaliste a prouvé que l'ancienne bibliothèque dépendant de l'académie fondée à Alexandrie par le roi Ptolémée I (Soter), environ en l'an 300 av. J. avait été incendiée en l'an 47 av.J. lors du siège de cette ville par Jules César. Par ailleurs, la reine Cléopâtre reconstruisit cette bibliothèque qu'elle dota de livres.
5— Le troisième siècle a connu le début de la destruction de la bibliothèque; l'avènement de Caracalla avait paralysé l'académie et les fanatiques se mirent à détruire la bibliothèque, en 272, parce qu'ils la considéraient comme une œuvre de paganisme. En 391, le Patriarche Théophilos obtint l'autorisation du tsar Théodosios d'achever la destruction de l'académie et de brûler la bibliothèque attenante qui renferme trois cent mille rouleaux de parchemin, en vue d'ériger une église et un couvent à leur place. Cette démolition continua au cinquième siècle grâce aux attaques lancées contre les savants idolâtres, leurs lieux de culte et à la destruction de leur bibliothèque. (Sigrid Hunke : Allah isi ganz anders, p. 85 - 90., Revoir aussi notre ouvrage : l'Islam dans la pensée occidentale, p. 110.)

De ce qui précède, il nous paraît évident la falsification intentionnelle de l'Histoire en vue de déformer l'Islam et les musulmans et de présenter ces derniers comme les ennemis de la science et de la civilisation alors qu'en vérité ils sont innocents du crime dont on les accuse.

 

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Categories: L'Islam
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