Les derniers mois ont témoigné de nombreuses actions touchant aussi bien les mosquées que les individus, dans une augmentation notable du phénomène de l'islamophobie, qui frappe désormais les sociétés européennes sans bouger le doigt ni cligner des yeux.
De nombreux événements malheureux avec de nombreux détails terrifiants sont vécus par les lieux de culte islamiques et de nombreuses familles musulmanes et leurs membres : enfants, hommes et femmes. Surtout les femmes et les enfants. Les raisons sont multiples, mais le crime est toujours le même : c'est l'islamophobie, le monstre qui dérange les pacifiques et effraie les innocents.
En France, le tribunal correctionnel de Lille a condamné, mardi 25 octobre 2022, à huit mois de prison ferme avec mandat de dépôt un homme qui avait proféré des menaces contre une mosquée de Lille dans une vidéo en juin dernier. Au cœur de l’été, l’université Lyon 3 a fièrement annoncé la création d’un poste de « vice-présidente égalité et discriminations », en réaction aux accusations de racisme et d’islamophobie portées à l’encontre de certains élèves. Tout a commencé un après-midi d’avril, dans l'amphithéâtre de l'université Lyon 3 où une conférence allait débuter. Dans les minutes qui ont précédé l'arrivée du professeur, des étudiants déjà dans la salle criaient et l'un d'eux s'amusait innocemment à s'envelopper dans un foulard pour divertir ses camarades de classe. Une étudiante musulmane qui se trouvait au fond de la classe a vu la scène et l'a immédiatement interprétée comme un acte délibéré d'islamophobie la ciblant directement, à cause du voile islamique qu'elle utilisait pour apparaître en classe. L'étudiant s'est senti insulté et agressé verbalement, et s'est directement référé à l'organisation étudiante (Cocarde étudiante) [affiliée à l'extrême droite]. L'étudiant estime que le syndicat étudiant, qui appartient à la tendance conservatrice apparue il y a peu dans l'établissement, est à l'origine du climat d'islamophobie qui règne au sein du collège.
Dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 novembre 2022, des injures à caractère antimusulman et néo-nazi ont été apposées sur les murs de la mosquée franco-turque de Flers."Islam hors d'Europe" voilà le message qu'ont trouvé les fidèles, tôt dans la matinée du dimanche 20 novembre, sur les murs de la mosquée de l'amicale franco-turque à Flers dans l'Orne. Une injure signée "division Charlemagne". Il s'agissait d'une division de soldats SS regroupant des volontaires français combattant pour le Troisième Reich allemand à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De son côté, Yves Gasdoué, le maire de Flers ajoute que c'est la première fois que de tels faits se produisent : "c'est un cas honteux mais isolé. En rien cette inscription ne reflète l'ambiance à Flers. Chaque communauté est respectée ici". Des actes que dénonce fermement la préfecture de l'Orne dans un communiqué. Elle assure à "la communauté musulmane et l'ensemble des associations culturelles de la vigilance absolue des services de l'État pour prévenir et lutter contre tout acte antimusulman".
L’Association des musulmans d’Angers dénonce des dégradations sur le chantier de la future mosquée à Angers (Maine-et-Loire). Dans un communiqué adressé lundi 31 octobre, l’association se dit « choquée » par « l’acharnement haineux et islamophobe ». « L’Association des musulmans d’Angers a constaté des câbles et un compteur électrique arrachés, treize vitres brisées par des projectiles… Mais aussi des actes de profanation par des têtes de cochons et des inscriptions racistes et islamophobes. »
Au Canada, un homme a pris, vendredi 21 octobre 2022, 16 mois de prison ferme assortis de deux ans de liberté surveillée pour avoir attaqué une mère et sa fille pour des motifs racistes. Le 8 décembre 2020, Richard Bradley Stevens, 43 ans, s'était adressé à deux personnes noires et musulmanes qui étaient assises dans leur voiture, à l’extérieur du centre commercial Southgate à Edmonton, dans la province de l'Alberta. Il avait hurlé des menaces racistes, brisé une vitre et déchiré le hijab des deux femmes après les avoir poussées à sortir de leur véhicule. Il a ensuite cogné sur l’une d’entre elles jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse.
Pour sa part, l'Observatoire Al-Azhar condamne avec la plus grande fermeté les actes qui affectent les lieux de culte, attisent la haine, alimentent la violence et affectent négativement le tissu social et la sécurité sociale. L'Observatoire d’Al-Azhar met également en garde contre une escalade des actes hostiles perpétrés par l'extrême droite et appelle à des sanctions plus sévères pour ceux qui osent nuire aux lieux de culte, quels que soient leurs affiliations ou leur emplacement, et à protéger ceux qui s'y trouvent d'une manière à garantir leur droit à la liberté de culte. Il convient de noter que l'observatoire a toujours mis en garde contre les actions antimusulmanes et appelé, à travers ses publications, à la coopération internationale afin d'éliminer toutes les manifestations d'islamophobie.