Les pièges sémantiques des termes polémiques sur l’Islam

1— « Islamophobie » (islāmūfūbiyā)

  • | Thursday, 8 February, 2024
Les pièges sémantiques des termes polémiques sur l’Islam

Par : Walid Bilal

Le terme « Islamophobie » est l’un des termes polémiques liés à l’Islam, car sa signification controversée pourrait susciter une confusion chez le destinataire. À ce propos, quand on surfe sur les sites internets francophones, on observe que les médias et la classe politique utilisent quotidiennement de nouveaux termes dérivés du mot « Islam », y compris « Islamophobie », transmis en arabe par (islāmūfūbiyā), signifiant, dans les dictionnaires français spécialisés, « l’hostilité envers l’islam et les musulmans »[1].  

Ce racisme, que l’on appelle « Islamophobie », commence à toucher tous ceux qui ont une apparence islamique, même s’ils ne sont pas musulmans. Ils sont agressés simplement en raison de leur apparence laissant penser qu’ils sont musulmans. Ils deviennent la cible de menaces et d’intimidations, de peur qu’ils représentent une source de danger à avenir (le futur terroriste).

Le néologisme « Islamophobie », créé au début du XXe siècle, fait l’objet d’un débat entre ceux qui l’utilisent pour dénoncer les discriminations envers les musulmans et ceux qui considèrent qu’il cache une volonté d’éteindre toute critique de l’islam[2].

La première utilisation de ce terme remonte à 1910, en pleine période coloniale. Dans son livre « la Politique musulmane de l’Afrique-Occidentale française », « Alain Quellien » a défini ce terme comme un « préjugé contre l’islam répandu chez les peuples de civilisation occidentale et chrétienne »[3].

Si on examine l’étymologie du terme « Islamophobie », on constate qu’il est composé de deux mots : « Islam » et « phobie ». Le mot « Islam » fait référence à la religion islamique, et le mot « phobie » désigne « Peur morbide, angoisse éprouvée devant certains objets, actes, situations ou idées »[4].

Ainsi, ce mot fait référence à une peur ou une aversion instinctive. Il reste une question difficile, mais incontournable : est-ce que le terme « Islamophobie » représente « la victime » ou « le coupable » ?! En d’autres termes, est-elle une délinquante qui devrait être punie ou bien une personne malade qui aurait besoin de soin psychologique ?!

Malheureusement, la majorité des médias occidentaux s’efforcent d’utiliser ce terme pour transformer « le coupable » en « victime », en faisant de « l’auteur » de l’acte hostile un « malade » qui souffre de « phobie » de l’islam et des musulmans. Ces médias justifient ainsi le comportement de l’auteur, en le rendant « victime », et par la suite, tout le monde oublie l’acte raciste qu’a subi la vraie victime. Ce qui fait du terme « Islamophobie » un « stigmate » d’une religion et de ses adeptes. Il reste une question difficile, mais incontournable subsiste : si tel était le cas, quel terme exprimerait alors les hostilités auxquelles les musulmans sont fréquemment confrontés dans différentes sociétés ?

C’est pourquoi nous proposons d’utiliser le terme « Anti-islam » plutôt qu’« Islamophobie », qui se traduit en arabe par « Mu‘ādat al-Islām » au lieu de « Islāmūfūbiyā ». Si nous examinons maintenant le terme « Antisémitisme », nous constatons qu’il fait clairement référence à « l’agresseur » en tant qu’« ennemi », ce qui permet d’identifier clairement la « victime » et éliminant ainsi toute confusion entre le « coupable » et la « victime ». Il reste une question difficile, mais inéluctable : pourquoi les médias occidentaux utilisent-ils deux termes contradictoires pour décrire les hostilités contre les deux religions ?! Lorsqu’on utilise le terme « Islamophobie », il vient à l’esprit, à première vue, que l’islam est « l’auteur ».

En revanche, lorsque le terme « Antisémitisme » est utilisé, le judaïsme est vu comme la « victime ». Les médias doivent donc respecter le principe d’impartialité dans leur terminologie qui caractérise les attaques contre les affiliés aux différentes religions. Lorsqu’un musulman commet un acte hostile, il est souvent qualifié de « terroriste », tandis qu’une autre personne commet un acte hostile, il est souvent qualifié de « malade mental » ou d’« islamophobe ».

Ainsi, l’utilisation du terme « Islamophobie » reflète le manque de neutralité du monde occidental face aux questions liées à l’islam et aux musulmans, ainsi que le manque de confiance en islam et en musulmans, ce qui constitue un élément déclencheur d’atrocités contre les musulmans dans les sociétés occidentales.

Le Grand Imam d’Al-Azhar, professeur Dr. Ahmed Al-Tayyeb, avait bien raison, dans son discours d’ouverture de la conférence « Liberté et citoyenneté… Diversité et complémentarité », de dire : « Quiconque méditerait impartialement sur le phénomène d’islamophobie ne manquerait pas d’observer la discrimination illogique, ou les deux poids, deux mesures, dans le jugement mondial porté sur l’islam d’une part, et sur le christianisme et le judaïsme de l’autre part, quoique les trois religions soient comprises dans le même acte d’accusation de violence et de terrorisme religieux. Au moment où l’extrémisme chrétien et juif est passé presque inaperçu pour le monde occidental, sans la remise en cause de ces deux religions, l’islam, leur troisième frère, est enfermé seul dans le box des accusés où il encourt, jusqu’en ce moment, la condamnation et la diffamation »[5].

En conclusion, nous mettons en garde contre ce phénomène nuisible qui œuvre à déchirer le tissu social, menaçant les principes de coexistence, d’acceptation de l’autre, et de fraternité entre tous les êtres humains sur Terre. Partout dans le monde, nous devons rejeter et affronter avec fermeté tout appel à la violence, à la haine ou à la marginalisation non seulement des musulmans, mais aussi de n’importe quel individu réclamant ses droits humains légitimes qui ne contredisent ni la religion ni les bonnes mœurs. Les citoyens musulmans de n’importe quel pays forment une composante essentielle de sa nation et ils ne devraient pas être privés de leurs droits de vivre en paix et de participer à la vie sociale ou politique à cause de leurs convictions.

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