Il a été mentionné dans la deuxième partie du numéro (5) du Magazine (Rumiah) que parmi les raisons de la victoire réside l’obéissance absolue à l’Emir des croyants. La preuve en était le Hadith de ͑Ubādata Ibn al-Ṣāmet qu’Allah le bénisse quand il a dit : nous avons fait serment d’allégeance (Bay͑a) au Prophète d’Allah (S.B.L) tout en jurant obéissance dans toutes les situations (en guerre ou en paix), en se donnant à la cause, n'en intervenant que dans le cas de la claire mécréance argumentée par Allah et en disant la vérité quelle que soit la situation sans craindre aucun reproche». C’est ainsi que l’écrivain argumente la non-autorisation de l’Ijtihad[1] personnel, même s’il est juste, au cas où il s'oppose à l’avis de l’Emir des croyants. Et pour assurer l’obéissance à l’Emir des croyants il faut :
Ne pas avoir des préjugés sur ses décisions.
Respecter sa personnalité et l'estimer tout en l’honorant et mentionnant ses vertus.
Il s'ensuit alors que la question passe de la simple obéissance à un degré de la servitude, puisqu’il est interdit d’essayer ses facultés mentales ou critiques face aux ordres de l’Emir des croyants surtout concernant sa manière de gouvernance. Même, il ne faut mentionner que ses vertus et jamais le critiquer, puisqu'il est sacré (personne et décisions).
Au fond, cela n’a rien à voir avec l’Islam. Le Prophète (S.B.L) et ses compagnons et ses successeurs rachidites ne le faisaient jamais. Voici des exemples où les compagnons contredisaient les paroles du Prophète exclusivement dans les questions n'étant pas relatives à la législation révélée:
D’après Abou Sa͑īd al-Khodrīy qu’Allah le bénisse, le Prophète (S.B.L) a dit : « évitez de vous asseoir sur les voies publiques». On a dit : « mais nous n’avons pas d’autre lieu pour nous entretenir». Il répliqua : « Dans ce cas, respectez les droits de la rue. Que sont-ils ? » reprit-on; alors il dit : « ils consistent à baisser les regards, s’abstenir de faire le mal, rendre le salut, ordonner le bien et interdire le mal».
D’après al-Habbab Ibn al-Mondhir Ibn al-Gamouh a dit : « Ceci est une révélation d’Allah descendu sur toi, ou bien il s'agit de ton avis, de la ruse et de la guerre?» Il dit : « Il s’agit de mon avis, de la ruse et de la guerre ». El Habbab dit alors : « Ceci n’est pas un lieu où nous devons nous arrêter. Alors il a dit : Ô messager d’Allah! ce n’est pas le bon endroit pour le campement, alors allons chercher l’endroit le plus proche de l’eau pour en faire le campement de notre armée. Puis on creuse autour de la source d’eau pour bâtir une citerne et assurer l’approvisionnement en eau pour notre armée et priver l’ennemi de l’eau pendant la bataille. Le messager d’Allah a dit : tu as dit le meilleur avis, et il est allé chercher les gens pour se diriger vers l’eau et creuser et bâtir la citerne…»
Omar a fait le serment un jour en disant : « N’exagérez pas dans la dote que vous donnez à la femme car si une telle dot constituait une considération pour la femme dans la vie présente ou une crainte révérencielle d’Allah, votre Prophète l’aurait faite. Sachez que l’Envoyé d’Allah (S.B.L) n’a donné à une de ses femmes, et n’a demandé pour ses filles, une dote qui a dépassé les douze onces d’argent », alors une femme lui a dit, Ô Omar! il ne faut pas nous priver de ce qu’Allah a autorisé, Allah exalté soit-Il n’a-t-Il pas dit : « Et si vous avez donné à l'une un quintal, n'en aurez rien repris», alors Omar a dit : « la femme a raison et Omar a tort !».
[1] - L’exploitation maximale des facultés mentales dans une matière jurisprudentielle.